Pour réussir un film dramatique, rien de plus efficace que des comédiens et comédiennes de comédie.
Difficile de parler d'un tel film qui allie la douleur macro de la violence d'un attentat, dont on n'entend pas un bruit et la douleur intime du deuil de chacun.e.
Après le choc, la sidération, le temps du deuil, le silence, la colère, les effets du troubles de stress post-traumatique des vivants et survivants qui revient inlassablement sans prévenir, n'importe où et n'importe quand, la force qu'il faut puiser en soi pour soutenir celles et ceux qui ne le peuvent pas, la remise en place de la hiérarchie des événements dans une atmosphère toute simple dans l'Est parisien. Et tout cela trouve une transformation dans le regard d'Amanda, petite fille de 7 ans.
Vincent Lacoste est touchant en frère perdu, Jonathan Cohen porte haut et sobrement, en une phrase, la pensée rationnelle et Amanda au milieu de tout cela porte les couleurs de l'innocence frappée en plein essor.
C'est aussi un film discrètement attaché à l'abandon : celui d'une mère. D'abord la mère de Sandrine et David vingt ans plus tôt, puis celui de Sandrine fauchée en pleine vie dans cet attentat.
L'abandon, la solitude parmi les autres, le deuil, le difficile processus de deuil, l'art de faire semblant face au discours de l'autre et la place qu'il reste pour l'amour réduite à l'état de peau de chagrin...
Toute ressemblance avec des lieux, des situations ou des sensations et sentiments ne serait pas purement fortuite, dans cette famille franco-britannique, sorte d'axe des Alliés.
Mikhaël Hers offre à voir, avec pudeur certes, ce qu'il met dans la bouche d'Axel, alias Jonathan Cohen : la violence infinie d'un chapitre qui ne se refermerait peut-être jamais.
Je confesse avoir lâché quelques larmes, et pour cause, tout ce qu'il manque dans ces situations ce sont les mots, la scène avec l'autrice/journaliste le montre bien (entre autres bien entendu).
Et oui Elvis has left the building
Bonne séance !