De Costa-Gavras on aurait attendu de la finesse et de l'intelligence.
Or avec Amen, celui qui aime se pencher sur les faits d'histoires les plus sombres est bourricot.
S'il use de quelques procédés stylistiques malins, il les utilise un tel nombre de fois qu'ils en deviennent lassants (par exemple le plan fixe du train vide ou rempli qui pointe son nez plus d'une dizaine de fois sur les deux heures).
Si l'histoire est vraiment intéressante et aurait permis un traitement singulier et différent de la Shoah, elle en devient pourtant terriblement ennuyeuse. Sur les deux heures on avance pas une seule seconde, l'intrigue ne progressant jamais. C'est donc tristement chiant.
Si les personnages avaient de quoi allécher (la rencontre en un lieutenant SS responsable de la mise en oeuvre du Ziclon B et celle d'un membre du Vatican proche du pape) leur interprétation n'est pas à la hauteur. Si Ulrich Tukur est bon, son personnage, désespérément nul nous fait pitié. Kassovitz lui, sorte de zombie mort-né, n'est pas convaincant et semble sans âme.
Enfin la mise en scène, parfois mielleuse et grotesque, souvent hollywoodienne, ne fait pas prendre au sérieux ce qui nous est montré, tout étant tellement lénifiant de simplicité et même parfois de bêtise.
Heureusement qu'une dernière minute, corrosive et ironico-tragique (portée par un méchant génialement interprété par Ulrich Mühe) vient sauver ce film tristement raté.