La première séquence du film commence très mal. On y voit notre jeune héros sur une plage censée se trouver à Ibiza (mais pas tournée à Ibiza du tout et ça se voit !) roucouler avec sa jeune fiancée avant que des terroristes n’abattent des touristes sur la plage, dont sa dulcinée. Mielleux, confit à l’eau de rose et à la limite du kitsch, ce prologue donne le ton et pas dans le bon sens : ça sonne très faux. On espère que ça va s’améliorer par la suite mais, malheureusement, s’ensuit une enfilade de clichés à tous les étages. Déjà pas un seul des personnages n’échappe à la caricature. De l’ancien poulain des services secrets qui a retourné sa veste pour devenir un psychopathe (Taylor Kitsch en roue libre) à la chef de la CIA forcément black (revers ridicule de la discrimination positive à Hollywood) en passant par le formateur dur au premier abord mais pas tant que ça (Michael Keaton qui hisse un peu le niveau), on a la désagréable impression d’avoir déjà vu mille fois tous ces poncifs.
Et ce n’est pas fini puisque les méchants sont des cellules djihadistes montrées de manière manichéenne et que le fond du film, à la limite du racisme et ambigü vis-à-vis de la loi du Talion, évoque les pires produits réactionnaires des années 80. D’ailleurs on croirait parfois cet « American Assassin » tourné à cette époque ou durant les années 90 et sorti d’un vieux tiroir par hasard. Car même niveau réalisation, rien de transcendant. A l’heure des « Atomic Blonde » ou surtout des « John Wick », ce film d’action basique fait pâle figure. Tout juste a-t-on le droit à quelques bonnes scènes de combats et un final nucléaire impressionnant mais à la limite du hors sujet vu la teneur générale du film. Comme si, soudainement et pour se rattraper, le film voulait en mettre plein la vue à l’instar d’un blockbuster estival qu’il n’est pas. A la mise en scène, Michael Cuesta qui sort du sérail indépendant (le joli « Long Island Expressway ») est tombé bien bas et n’arrive pas à sortir son film d’un banal produit de série.
Mais ce qui cloche le plus dans ce film mêlant action et espionnage de manière très anodine et arriérée c’est le choix de prendre Dylan o’Brien (le pourtant excellent héros de la saga « Le Labyrinthe ») comme protagoniste principal. Pas qu’il soit mauvais, il fait plus ou moins le boulot, mais sa jeunesse, sa corpulence et son charisme ne correspondent en rien à un tel personnage. L’acteur fait ce qu’il peut pour approfondir son rôle mais on a un peu de mal à croire à ses qualités d’action man. N’est pas Matt Damon qui veut ! Au final, « American Assassin » se regarde sans trop de déplaisir mais parfois à la limite de l’ennui poli devant l’absence de surprises d’un scénario écrit à la truelle jusque dans ses rebondissements. Entre clichés, scènes attendues et absence totale d’innovation, ce n’est guère un film à conseiller hormis si l’on a vraiment rien d’autre à faire… Vraiment rien !