Titre en jaune, mise en lumière des personnages... l'affiche fait tout de suite penser à celle du dernier film de Scorsese, - le (bien nommé) Loup de Wall Street -.
L'équipe technique d' - American Bluff - a t'elle voulu profiter de la réussite de l'oeuvre en question et de son énorme promotion pour attirer dans les salles obscures quelques spectateurs de plus, ou plutôt faire usage d'une combine ingénieuse à l'image de son propre récit ?
Difficile à dire, plus encore sûrement à faire avouer, le registre d'idées des deux films est pourtant quasi similaire avec pour maîtres mots : entourloupe, escroquerie ou encore manipulation. En somme, une franche partie d'humour et de bonheur en perspective...
La scène d'intro annonce la couleur.
Irvin, court sur pattes et ventre bedonnant dissimule sa calvitie plus que naissante en se collant des cheveux face au miroir.
Irvin le susceptible, petit magouilleur qui a repris l'entreprise de papa et monté un business lucratif où il se fait du fric facile sur le dos des pauvres gens, fait équipe avec la superbe Sydney, une femme au décolleté outrancier, ultime outil pour ferrer le poisson et maximiser les profits.
Il y a enfin Richie, l'élément rapporté, le beau gosse sûr de lui, qui se met des bigoudis dans les cheveux pour les faire friser.
- American Bluff - comme son nom l'indique, nous fait entrer dans l'univers du mensonge avec des as de l'embrouille. Les relations entre les personnages sont complexes, peaufinées, et le jeu entre rôles principaux et secondaires est tel que l'art de la manipulation transparaît à tous les niveaux. Manipulation positive ou malveillante, affective, sexuelle, professionnelle et insidieuse...tout y passe...
Le récit se révèle mordant, cynique, savamment goupillé et parsemé de faux-semblants. Il est appuyé d'une voix off juste et bien intégrée, avec une belle utilisation des flashbacks qui rendent l'intrigue plus acerbe encore.
Le casting est remarquable, les rôles ont transformé les acteurs en tronches impossibles. Christian Bale méconnaissable, incarne un personnage tout aussi charmant malgré son caractère de chien et son physique répulsif, et retrouve ainsi un rôle savoureux à la dimension d' - American psycho -.
Bradley Cooper assure un rôle aussi tordant et incarne presque à lui seul la dimension humoristique du film. De Niro, enfin, dans le (petit) costume du vieux mafiosi charlatan mais pas si con est également fort sympathique.
La composition musicale quant à elle est capable d'atteindre le superbe, avec tout particulièrement un "dérivé" du morceau White Rabbit de Jefferson Airplane (http://www.youtube.com/watch?v=mAJ4-Ey7jBM) qui réveille un chant extraordinaire et une basse impérieuse...un morceau que j'écoute à l'instant où j'écris ces quelques lignes.
- American Bluff - c'est en définitive une histoire qui dépasse ce que l'on pouvait imaginer ou même espérer au départ, et qui sort de l'ordinaire.
Un film dont on peut tirer une morale. Ne pas voir trop grand, garder la tête sur les épaules, se satisfaire de ce que l'on a à portée de main et surtout se méfier des femmes qui de tous temps ont parfaitement su manipuler les hommes.