Arnaques, crimes et seventies
En 2000, David O’Russel régalait les salles obscures avec son excellent Les rois du désert porté par le charismatique George Clooney et l’ex-membre du boys band New kids on the block, Mark Wahlberg. Depuis, ce réalisateur ne cesse d’être nommé au sein de festivals prestigieux. Fighter, en 2010, et Happiness Therapy, en 2012, ont été nommés dans la catégorie meilleur film aux Oscars. American Bluff suit cette même logique, puisqu’on le retrouvera au programme des Oscars 2014.
American Bluff met en scène l’histoire d’un couple d’arnaqueurs obligés de s’associer à un agent du FBI pour coincer un politicien corrompu ayant des liens avec la mafia. Inspirée de faits réels survenus à la fin des années 70, l’histoire de base a été romancée, nageant entre fiction et réalité.
David O’Russel nous plonge directement dans un univers des 70’s hautement stylisé. Son esthétisme visuel capte d’emblée le spectateur, avec en prime une bande son époustouflante. Son intrigue, passionnante de bout en bout, permet de construire une vision limpide de l’action jusqu’au générique de fin. La réalisation est tellement aboutie que l’on croit aux personnages qui prennent vie au fur et à mesure que le film avance.
C’est pourquoi la construction et la caractérisation des personnages sont la grande force de ce film. Rares sont les longs-métrages où les rapports entre les personnages sont traités de la sorte. Si l’intrigue s’appuie sur la légèreté des protagonistes dans un premier temps, c’est pour mieux retourner la situation par la suite. C’est à partir de ce changement que l’on comprend toute la force de ce film. D’ailleurs, le réalisateur ne se cache pas d’être plus centré sur ses personnages que sur le scénario. C’est même avec stupéfaction que l’on finit par s’y identifier et par éprouver des émotions envers ces personnages.
Ces derniers sont interprétés brillamment par des acteurs en grande forme. Christian Bale, qui a pris 18 kg pour son rôle, est délicieusement classieux dans le rôle de l’arnaqueur Irving Rosenfeld. Sa compagne, la sulfureuse Sydney Prosser, est incarnée avec justesse par Amy Adams. Le charismatique Jeremy Renner crève l’écran dans son rôle de politicien. Bradley Cooper prend plaisir à jouer le trop ambitieux Richie DiMaso, agent du FBI. Et enfin, Jennifer Lawrence est tout simplement excellente dans un rôle de femme faussement manipulatrice. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on retrouvera quatre de ces cinq acteurs dans les catégories meilleur acteur et meilleure actrice premier et second rôle lors de la prochaine édition des Oscars débuts mars.
Épatant du début à la fin, le nouveau film de David O’Russel se doit d’être vu sans hésitation. En version originale si possible.