En cette seconde moitié des années 70, le cinéma de Dino Risi se fait plus sombre, à l'image de ses deux adaptations successives du romancier Giovanni Arpino : si "Profumo di donna" comportait encore une part de comédie non négligeable, deux ans plus tard "Anima persa" s'apparente à un pur drame psychologique (parfois classé abusivement sous l'étiquette "Epouvante-Horreur").

Autre point commun entre les deux films, il s'agit de récits initiatiques, dans lesquels un Vittorio Gassman vieillissant partage l'affiche avec un (très) jeune homme. Etudiant la peinture, ce dernier débarque à Venise, où son oncle (Gassman) et sa jeune épouse (Catherine Deneuve) vont l'héberger dans leur immense palais délabré, autrefois splendide, métaphore saisissante de la ville elle-même.

En effet, dès la scène d'ouverture, Risi nous présente une Venise sinistre et décatie, sale et désertée par les touristes, à l'opposé de l'image habituelle de la Cité des Doges.

Soulignée par la musique de Francis Lai, cette atmosphère de décrépitude accentue le malaise du spectateur, dans les pas du jeune Tino, oppressé par l'ambiance austère et étouffante de cette étrange famille, qui semble dissimuler de lourds secrets.

L'un des mystères de l'intrigue apparaît hélas très prévisible, sans pour autant saboter la mécanique narrative.

Il faut dire que Vittorio Gassman effectue une fois de plus un grand numéro, sa prestation justifiant à elle seule le visionnage du film. Il faut le voir énoncer mécaniquement une suite de mots absurdes, épeler une série de voyelles...

Si le jeune Danilo Mattei apparaît terne et inexpressif (peut-être à dessein), le casting féminin se montre à la hauteur, avec une Anicee Alvina fraîche et mutine, et une Catherine Deneuve convaincante dans un rôle pas évident (même si le doublage italien gâche un peu ses efforts).

Outre les désagréments de la postsychronisation, procédé hélas fréquent dans le cinéma italien de cette période, je suis tombé sur une version du film à la photo légèrement délavée, qui ne rend pas honneur au travail de Tonino Delli Colli.

Pour le reste, voilà encore un film de Dino Risi très réussi, qui m'incite à prolonger l'exploration de sa riche filmographie.

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le 29 sept. 2022

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Val_Cancun

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