Au moins, il se passe quelque chose. On ne va pas vous le cacher longtemps, Amityville premier du nom est un film qu'on trouve vraiment sur-côté, tant il ne se passe rien (des abeilles qui embêtent un cureton, un chien qui mord un mollet, un peu de sang qui ressemble à un défaut de peinture sur un mur... Clairement, deux heures d'ennui) sur une insupportable BO de fillettes qui chantonnent gaiment, ce qui enfonce le dernier clou dans le cercueil (on enterre gentiment Amityville, pour vous parler de ce Amityville 2 : Le Possédé). On ne démarre pourtant pas ce deuxième opus sous les meilleures auspices, car il met un certain temps à chauffer, se cantonne à quelques voix dans la tête du jeune ado de la famille, puis, quand on commence à craindre de s'ennuyer une nouvelle fois, le curé arrive, et là, c'est la fête. A partir du moment où le religieux franchit le seuil de la porte, le film embraye les vitesses sans regarder dans le rétroviseur :
le jeune ado commence à ressembler à la gamine de L'Exorciste, le curé balance du sang au lieu de l'eau bénite, l'ado dégomme tout le monde au fusil à pompes, et la police l'embarque.
Fin du film ? Il reste pourtant une grosse demi-heure ! On regarde sa montre sans comprendre ce qu'il se passe dans le scénario qui semble vouloir finir son taff avec une trentaine de minutes d'avance, et on découvre alors que ce Amityville 2 cachait un atout dans sa manche : une deuxième partie de son scénario, qu'on n'a pas (du tout) vu venir. Cette deuxième partie s'occupe donc de
l'exorcisme du jeune possédé, lâche des fantômes d'indiens dans la cave de la maison, fait flétrir la tronche du Démon avec toujours plus de latex dégoulinant de sang pâteux (c'est mal fait, mais tellement généreux : on aime), et on comprend lors du dernier plan (parce qu'on est un peu niais sur les bords, en ne faisant pas gaffe aux dates données dans cette intrigue, et qu'on ne s'est pas renseigné sur le synopsis de ce film) qui montre le panneau "A vendre" qu'on retrouve au début du premier film, qu'il s'agit d'un préquel. D'où que personne n'a mentionné une seule fois le problème survenu dans la maison, ni ne se questionne sur les événements paranormaux qui y prennent place : malin, tout est justifié.
Pas mal, vraiment, pas mal du tout, pour un film qu'on craignait d'abord d'être aussi barbant que son prédécesseur, et qui finalement préfère à l'inverse l'étalage d'effets spéciaux et d'attaques en tous genres, une générosité bienvenue, et une "fausse fin" qui nous a vraiment beaucoup surpris à 70% du timing du film. Une suite qu'on préfère largement à son original, c'est plutôt rare.