Sans Soleil
Dans ce qui restera l'unique long-métrage de Hu Bo, qui mit fin à ses jours peu de temps après l'avoir achevé, le fond et la forme s'associent pour accoucher d'une œuvre d'une grande force lyrique...
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le 8 janv. 2019
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C’est un film extraordinaire… C’est un peu comme si on avait la colère et les lieux des premiers récits de Louis Calaferte filmés avec la même caméra-plume qu’adopte Gus Van Sant dans Elephant ou Paranoïd park (où l’on retrouve d’ailleurs aussi le motif du meurtre involontaire), mais livrés dans une ampleur propre aux grandes écritures romanesques russes… Pour un premier et unique film (le réalisateur s’est suicidé juste après l’avoir fini), Hu Bo crée un véritable grand-oeuvre. Le cinéma chinois contemporain est décidément superbe, et se saisit toujours brillamment des mondes urbains, même si c’est pour en dire la grisaille atroce, la froideur, le devenir concentrationnaire.
Comme dans Elephant de Gus van Sant (film miraculeusement beau), l’éléphant que mentionne le titre n’est jamais là - ou si peu, au bout de quatre heures de film !
Pour moi, dans le film de Gus van Sant le mot “éléphant” parlait d’une chose éléphantesque, disait l'absence et l’impuissance criantes des adultes - si absents et/ou impuissants que c’était visible comme le nez au milieu de la figure dans cette tragédie jouée et vécue par des adolescents. Dans le film de Hu Bo, l’éléphant du cirque d’une ville éloignée dont parle les personnages raconte aussi, je crois, cette chose énorme, éléphantesque, qui occupe tout le film et qui fonctionne aussi par la négative : je parle du désir irrépressible qu’ont les personnages de foutre le camp de cette ville-malheur, ce besoin de fuir, de sortir de cet enfer… S’échapper par la brisure du rêve (passager) : voir cet éléphant qui, parait-il, reste assis toute la journée.
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Créée
le 29 avr. 2023
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