Alan PARKER est un cinéaste qui m' a toujours apporté beaucoup d'émotions et dont les oeuvres filmiques m'ont toujours inspirés des sentiments positifs, Pink Floyd The Wall (1982) compte parmi mes 3 films préférés, je trouve Mississippi Burning (1988) absolument brillant et je pourrais ainsi continuer longtemps.
Cependant lors de son décès assez récent, je me suis aperçu qu'il me manquait deux films de sa filmographie, Les Cendres d Angela (1999) et cet "Angel Heart" qui nous intéresse ici.
Tout d'abord quelque soit le contexte, le style, le sujet dont il s'empare, on peut suivre un fil rouge dans sa filmographie qui est le thème de la folie, celle d'une star du rock dans le précédemment cité "the Wall", celle de l'enfermement carcéral dans le grandiose Midnight Express (1978), la folie créatrice ou celle issue de la célébrité dans Les Commitments (1991) ou Evita (1997) ou encore celle de la situation des afros américains dans les états du sud ségrégationnistes qu'il nous dépeint de façon magistrale dans son chef d'oeuvre "Mississippi Burning". De folie il est encore une fois bel et bien question ici, mais au-delà de cet aspect, c'est un film sur la possession.
Il y a évidemment la possession au sens religieux du thème, celle dont Parker ne fait pas mystère, en choisissant très rapidement de nous dévoiler l'identité du mystérieux et quelque peu inquiétant Louis Cyphre ou en multipliant les effets de mises en scènes et les symboliques infernales, mais il est également question de la possession des sentiments, de la possession des identités, qui on est, que vaut notre mémoire et si celle-ci se révèle défaillante suite à un trauma, alors possédons nous encore notre propre identité ou bien celle-ci a elle muté en autre chose ?
Afin de répondre à ces questions, Alan PARKER choisit de nous plonger au coeur d'un thriller qui reprend à la fois la grammaire des films noirs des années 50, ce n'est d'ailleurs pas anodin si l'action se déroule justement durant cette décennie tout en y insufflant une part de fantastique dont les ficelles nous étant très tôt dévoilées nous invitent dès lors à suivre notre personnage central et de comprendre comment lui petit à petit se verra entrainer dans cette logique et cette dynamique.
La mise en scène pêche parfois dans des clichés grotesques ou caricaturaux, y compris dans le jeu de Robert De NIRO qui incarne un Méphistophélès plus théâtral que de cinéma ou le retour régulier des cages d'ascenseur qui semblent mener directement aux enfers, mais c'est sans compter sur le talent de narrateur de Parker qui en insufflant une part de psychologie réussi à modérer cet écueil et à ne pas faire un film parodique.
Mickey ROURKE délivre une prestation d'une rare inventivité et sans revenir sur ses choix de carrière désastreux on ne pourra pas nier d'une part l'immense talent qui le caractérise mais aussi sa faculté à rendre palpable la fragilité de ses personnages.