Dérivant progressivement d'une ambiance de film noir très fifties à une atmosphère fantastico-horrifique, à mesure que le héros s'éloigne d'un New Jersey enneigé vers une Louisiane moite et envoûtante, Alan Parker signe avec "Angel Heart" l'un de ses tout meilleurs films, porté par une mise en scène de premier plan.
Certes, tout le monde ne se laissera pas séduire par les outrances assumées du scénario et de la réalisation, comme en témoignent les avis souvent tranchés au sujet d'une œuvre baroque et sanglante.
Pour ma part j'ai été assez vite charmé puis fasciné par la proposition d'Alan Parker et de ses comédiens, tous au diapason des deux têtes d'affiche.
Alors au sommet de sa carrière d'acteur, Mickey Rourke incarne un détective un peu minable à la Sam Spade ou Philip Marlowe, tandis que Robert De Niro campe un client fort mystérieux, que les cinéphiles les plus éclairés auront toutefois tôt fait de démasquer...
Echappée du "Cosby Show", la jeune et jolie Lisa Bonet apporte une touche de sensualité bienvenue dans cette atmosphère sombre et poisseuse.
En revanche, Charlotte Rampling doit se contenter d'un petit rôle assez effacé.
Il faut souligner également la bande originale jazzy de Trevor Jones, qui sait se faire inquiétante voire terrifiante lors des séquences oniriques.
Grâce à son esthétique singulière et intemporelle, l'une des qualités de "Angel Heart" est d'avoir finalement très peu vieilli, parvenant à se maintenir parmi les standards des années 80.
Certains aspects du scénario évoquent d'ailleurs un autre très bon thriller fantastique, à savoir "L'associé du diable", de Taylor Hackford, sorti une dizaine d'année plus tard.