Luc Besson dans ce qu'il fait de mieux aujourd'hui, du très moyen qui avait du potentiel, mais qui aime prendre le spectateur pour une burne solitaire un jour de grand froid. Pour aider le spectateur paumé (et un peu tebé aussi) à comprendre son film trèèèèès compliqué et subversif, il fait quoi ? il bousille l'une des seule idée du film qui aurait pu le rendre plus attractif, à savoir son montage narratif.
Anna joue avec les timeline et jongle entre passé et présent pour te montrer qu'un personnage ou un autre a toujours un coup d'avance. Pour ne pas perdre le spectateur, on nous fait comprendre ces changements d'époque soit avec la dégaine du personnage de Anna soit avec un montage visuel réutilisant quelques secondes d'une scène déjà vue. Jusque là rien de problématique. Montage déstructuré habile plutôt classique et reconnaissons le, efficace.
Mais voilà, Besson qui a la main mise sur toutes les étapes de fabrication de ses filmes, lui il sait que le spectateur est pas très futé et qu'il faut l'aider sinon son cerveau de consommateur va faire une belle erreur 404. Du coup, à tous ces passages du passé au présent ou du présent au passé il a la bonne idée de rajouter des indications de temps. On enchaîne alors les 6 mois plus tôt, 5 ans plus tard, 3 ans plus tard, 3 ans plus tôt, 5 mois plus tard, 3 mois plus tôt, ... jusqu'à indigestion.
C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Ça démontre l'incapacité du réalisateur à faire confiance en son propre travail et en jugeant qu'il est trop intelligent (le film) pour être présenté comme tel au grand public. Pourtant le film propose des scènes d'action plutôt convaincantes et un scénario au pire insignifiant et au mieux divertissant.
C'est bien cette capacité indéniable à tenir en laisse les gens, en leur plaçant au passage une petite main au cul en mode "aller, avance mon con, c'est qu'un mauvais rêve, t'oublira vite." que Besson gâche sa quinte flush royale en changeant aléatoirement ses cartes pour un effet garanti de "on va voir ce que ça fait". Non pas que le film était destiné à être un chef d'oeuvre, faut pas déconner, mais parcequ'il y avait matière à faire les choses bien. Alors si vous apercevez des moments furtifs, mais d'un débilité profonde, ne soyez pas étonné et faites comme Besson, mettez des œillères, "ça paaaaasssse".
Il y a une bonne petite distribution dans ce film. Pas grand choses à dire sur les "vieux" (un peu quand même pour Helen Mirren) de la vieille que sont Cillian Murphy et Luke Evans. Ils sont là, ils font leur taf. Ils tentent chacun à leur manière de croire en ce qu'ils voient ou font, "ça paaaaasssse". En revanche pour la toute jeune arrivée par la grande porte qu'est Sasha Luss, c'est plus mitigé. Autant elle peut convaincre dans certaines séquences, notamment l'action, mais dans le jeu parlé, c'est très aléatoire. Le bon côtoie le médiocre dans un je m'en foutissme de direction d'acteur dommageable. D'autant que ces premiers mots dans le film, qui sont censé donner le ton du "personnage" sont complètement raté. Après elle dégage quelque chose d'indéniable, mais pour ne pas sombrer comme la Rie Rasmussen de Angel-A dans l'inconnue et l'au-delà du monde du cinéma, va falloir travailler.
Je passerais sur une réalisation convenue, indigne de la carrière pré-Angel-A (inclus) du réalisation. Pareil pour la musique générique du pourtant très doué Eric Serra, fidèle compositeur du metteur en scène.
Anna* au final est frustrant plus qu'il ne déçoit. Ces quelques retournements de situation et son rythme offrent un minimum de divertissement (en soldes), mais pour tout le reste décrit avant, ***Luc Besson* a oublié d'être passionné, malheureusement.