Parler de ce film, c'est parler de Luc Besson. L'homme attire l'attention et ne laisse pas indifférent.
Après des débuts qui l'ont rapidement mené au sommet du cinéma français (Le Grand Bleu, Nikita, Léon...), il a aussi petit à petit chuté dans l'estime du public et des critiques.
Le réalisateur n'est-il vraiment plus le même, plus capable de faire un bon film comme il savait pourtant si bien le faire à ses débuts? Après l'échec cuisant de "Valérian...", il semble bien que Besson cherche à revenir aux bases en réalisant un film plus carré et moins audacieux, qui se rapproche grandement du Nikita qui l'avait consacré.
En allant voir le film, j'en avais lu que cette Anna serait une copie presque conforme de Nikita. On ne peut pas nier l'évidence, par moment voulue et assumée (à l'image de la mission test confiée à cette jeune employée du KGB). Mais le film n'est pas un remake pour autant. Si la trame se déroule dans les mêmes eaux temporelles (fin des années 80), le film n'en est pas moins très moderne dans sa construction. Image plutôt léchée, montage dynamique, musique aux allures de compilation, scénario étudié. Besson a actualisé sa manière de faire.
D'ailleurs, il s'éloigne passablement de sa marque de fabrique. La musique d'Eric Serra est très discrète, et surtout, le scénario prime sur la construction du personnage. On avait l'habitude avec lui de voir avant tout des personnages plutôt attachants qui vivent quelques (més)aventures. Ici Anna est plutôt froide et distante. Il faut dire que Luc B. marche sur des œufs, en devant nous en révéler suffisamment pour que l'on s'attache au personnage, tout en la gardant la plus mystérieuse possible pour le scénario. On a donc cette sorte de première où le personnage principal reste presque au second plan au profit de l'histoire.
A ce niveau, on a un film d'espionnage relativement classique dans ses rebondissements successifs, mais plutôt bien écrit et parfaitement limpide pour le spectateur qui n'est jamais perdu, quand bien même il ne connaît jamais tous les tenants et aboutissements jusqu'au bout.
Au final, je regrette la musique trop discrète de Serra alors qu'il parvenait à transcender les films de Besson à sa grande époque. Je regrette aussi que Besson n'ait pas pris la peine d'engager des acteurs de la vraie nationalité (des Britanniques pour incarner des Russes et des Américains, ça manque de crédibilité, par contre Sasha Luss est un choix qui tient la route). Pour le reste, on a un film qui se laisse regarder sans ennui, sans être perdu, plutôt joli et bien écrit. L'essentiel et là, et ceci permet à Besson de retrouver une certaine crédibilité de réalisateur, même si on l'attendra encore au tournant pour quelque chose d'à la fois plus original et plus poignant.