Another Earth présente un postulat de départ assez stupéfiant : la découverte d'une jumelle totale à notre Terre - une "Terre 2" - et tout ce qui s'y situe (nous les premiers) dans l'espace. Je préviens tout de suite : si vous vous attendez à de la science-fiction pure et dure comme le laisse présager le pitch (ou du moins cette partie du pitch), passez votre chemin. L'autre Terre n'est ici qu'une toile de fond qui dessert un drame poignant sur la rédemption. Et c'est là toute l'intelligence du récit, co-écrit par l'actrice principale, l'incroyable Brit Marling (future très grande). Tisser une romance chaotique et foncièrement impossible sur la base d'une trame interplanétaire. Sans pathos, toujours dans une étonnante justesse.

Un film sur la rédemption, donc. Sur le pardon, la tentative de pardon. Nous confrontant au continuel monologue intérieur qui nous anime : notre rapport à l'Autre, à nous-même, à l'immensité. Comment telle chose est liée à une autre. La parallèle entre l'infiniment petit et l'infiniment grand est ici omniprésente, appuyée par une voix-off solenelle (trop?) qui surgit par moments, où l'image recule d'un cran et se fait plus vaste. Modeste dans sa forme, et finalement dans son propos, pas aussi abscons qu'on l'aurait pensé, le film engendre un certain nombre de questionnements - et ce jusqu'à sa renversante scène finale, twist très habile (qui pourra néanmoins facilement être remis en cause par les détracteurs).
Les deux acteurs principaux sont assez exceptionnels, et de leur relation se crée une alchimie troublante, qui accapare ce drame métaphysico-fantastique. La caméra, flottante, instable, présente quelques scènes d'une beauté saisissante (Rhoda devant la mer face à l'autre planète, ou encore la scène de la scie). Il y a quelques tics de réalisation mais c'est un premier film, qui nous laisse songeur quant aux futures réalisations de Mike Cahill. Son prix à Sundance est à des lieues d'avoir été volé, et il s'agit - à mon avis - d'un des tous meilleurs films sortis dans la pourtant très riche année cinéma 2011.

Welcome on Earth 2.
oswaldwittower
8
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le 27 mars 2013

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