Bel exemple de science-fiction métaphorique, dépouillée de jargon scientifique. Cahill nous conte un drame, la réunion de deux blessures qui n'en font qu'une. L'ambiance est un peu flottante, l'émotion toujours latente. Cahill ne joue jamais à aggraver les plaies de John et Rhoda, ses deux personnages ; il les ausculte, les cautérise, les cicatrise.
Là-haut dans les airs, une autre Terre, semblable à la nôtre en tous points, où le destin de chacun se joue à l'identique, dans une symétrie parfaite que notre réalisateur se verra dans l'obligation de briser pour poser ses enjeux. Voici donc le point de départ d'une aventure intérieure, bien loin de toute idée de conquête spatiale ou de communication avec un monde lointain. Cette rencontre entre John et Rhoda sera d'abord une connexion avec leur propre fantôme, une avancée en eux-mêmes, une confrontation avec leur douleur et la tentation difficile de l'accepter. Ce double vivant ailleurs dans l'espace, peut-être l'image indéfinie de leur conscience, s'éveille avant tout dans leur propre souffrance. Ce monde-miroir qui les contemple depuis les étoiles est aussi celui qui, au fond d'eux, les pousse à se regarder en face, à s'affronter, se repenser.
Sur la forme, celui qui réalisera plus tard "I Origins" avec beaucoup plus de moyens travaille un style indé un peu artificiel avec ces scènes qu'on dirait filmées avec le caméscope des parents et ces zooms avant/arrière confiés à son petit frère. Bon, ça passe quand même, il n'en abuse pas.
Sur le fond, à partir de son argument science-fictif, Cahill parle donc essentiellement de culpabilité et de pardon. La notion de seconde chance, voire de seconde vie, nappe ce récit parabolique un peu théorique mais présentant le grand mérite de ne jamais sauter à pieds joints dans le sermon, la philosophie de comptoir ou la leçon de vie paternaliste. Les émotions sont là, souvent crues mais bien traitées, sans emphase. La démarche m'a paru sincère et, sans s'attendre à être bouleversé, le temps d'un espoir dans le ciel, la magie peut opérer.