En 2006, avant la création du Marvel Cinematic Universe (MCU), Edgar Wright a commencé à travailler seul sur l'histoire de Ant-Man. Il va proposer son scénario chez MARVEL qui lui confie officiellement l'écriture et la réalisation du film.
Edgar Wright veut mettre en avant Hank Pym, le Ant-Man originel, apparu pour la première fois dans Tales to Astonish #27 en 1962 et la deuxième incarnation de Ant-Man avec Scott Lang apparu pour la première fois dans Marvel Premiere #47 en 1979. Il voulait une histoire très axée sur les personnages constituant une nouvelle origine story.
Edgar Wright s'attache donc à pondre un scénario avec une certaine liberté, mais le gardien du MCU : Kevin Feige ne va pas tarder à le rappeler à l'ordre. Wright doit réécrire son scénario pour s'insérer avec cohérence dans l'univers étendu du MCU. C'est toute la complexité de travailler dans ce contexte, car chaque film est une pièce d'un immense puzzle. Wright va demander l’aide de Joe Cornish avec qui il a déjà travaillé sur The Adventures of Tintin.
Ant-Man est prévu pour conclure la Phase II du MCU en 2015.
Mais en 2014 tout va basculer. MARVEL annonce qu'il ne continuera pas avec Edgar Wright. La raison officielle ? Les différents artistiques. Le principal concerné voulait écrire le scénario alors que le studio préférait uniquement l'avoir derrière la caméra. Une condition qui ne l'intéressait pas vraiment, lui qui a écrit tous ses films jusqu'à présent. Sentant que la liberté qu'il désirait commençait à s'étioler, il quitte le projet.
Il reste néanmoins crédité comme l'un des scénaristes du film (tout comme Joe Cornish). De plus son scénario reste une base sur laquelle ses successeurs vont travailler.
MARVEL maintient la date de sortie et commence alors les négociations avec plusieurs réalisateurs, dont Adam McKay sans succès. McKay est un ami de Edgar Wright, il ne voulait pas prendre sa place en tant que réalisateur cependant il accepta tout de même le rôle de scénariste après avoir vu le travail déjà effectuer par ce dernier.
À la réalisation c’est Peyton Reed qui est choisi. Il a déjà travaillé avec Walt Disney Television pour la télévision sur The Computer Wore Tennis Shoes en 1995 et The Love Bug en 1997.
Pour conclure cette Phase II de The Infinity Saga, Ant-Man revient à une histoire aux ressorts intimistes plus marqués et aux ambitions plus modestes. Ça raconte l'origine d'un nouveau personnage en allant directement à l'essentiel sans trop de fioritures. Il se permet de la sorte de travailler ses intervenants, que cela soit Scott Lang ou Hank Pym. Le spectateur a le temps d'apprendre à les connaitre mais aussi à les apprécier et à s' y attacher.
Scott Lang est le nouveau Ant-Man. À sa sortie de prison, il se fait la promesse de s'occuper correctement de sa fille. A priori, Scott n'a rien d'un héros. Pourtant il est le candidat idéal pour accomplir la mission que lui confie Hank Pym. Paul Rudd est un acteur que personne n'attendait vraiment dans le rôle d'un super-héros. Il est principalement connu pour ses rôles humoristiques. Le comédien apporte beaucoup de son sens de la comédie avec des répliques désinvoltes qui aident à appuyer le côté fun et décalé du long-métrage. Michael Douglas interprète un Hank Pym doté d'une remarquable intelligence. Le passé du personnage est ici plutôt bien travaillé, ses fragilités sont correctement énoncées et révèlent un scientifique au traumatisme profond.
Les seconds rôles de Michael Peña, David Dastmalchian et T.I pourraient presque voler la vedette dans l’utilisation humoristique. On ne s'attend pas à trouver ce genre d'audace de réalisation, surtout dans des scènes non primordiales à l'action.
Yellowjacket est le seul personnage trop caricatural de l'opus. Corey Stoll incarne un scientifique manquant de scrupule pour copier la technologie de Hank Pym. Il est tellement gros et forcé que le personnage en devient sans intérêt. Même si il est éminemment dangereux lorsqu'il revêt le costume, ses dialogues sont d'une pauvreté affligeante.
Pour finir, Evangeline Lilly joue le rôle de la fille de Hank Pym : Hope Van Dyne. Assez sceptique au tout début envers Scott Lang, leur relation conflictuelle va être la source de beaucoup de moments très drôles. Mais on sent que la pauvre Evangeline n’a pas grand chose à faire et qu’elle aurait pu être absente de l’histoire. D’ailleurs il est avéré que la présence de Hope Van Dyne est un ajout demandé par MARVEL.
La future The Wasp n’était pas prévu dans le scénario de Edgar Wright, tout comme la scène dans le Quantum Realm. Évidement la scène avec Anthony Mackie alias The Falcon n’était pas dans le scénario original. Une scène obligatoire selon MARVEL qui permet à Ant-Man de rencontrer un Avenger et de l’inclure dans cette saga.
L’ensemble reste vraiment rafraîchissant. Il s'attaque à un nouveau genre cinématographique avec le film de casse. Ce n'est pas uniquement centré sur des cambriolages mais, il propose deux scènes, plutôt réussies. Il propose également de s'amuser avec l'infiniment petit et le changement d'échelle. Il y a ainsi de belles idées à commencer par celle où Scott Lang découvre pour la première fois le pouvoir de son costume. Les plans sont assez inventifs. L'utilisation des fourmis est aussi audacieuse et donne un petit côté aventure à l’histoire.
Ant-Man est une réussite. Petit film comparé au mastodonte Avengers : Age of Ultron dont il fait la suite, il sait par son parti pris intimiste et différent, charmer les spectateurs. Son histoire, totalement fun et solidement assise sur une bonne dose d'humour et des personnages principaux bien travaillés à l'exception du méchant, fait le reste. Et quand, en plus, il ne s'interdit pas de disposer de scènes innovantes, c’est plaisant.