Un Ant-Man sans le script d'Edgar Wright, c'est fade comme une pizza sans origan.

APRÈS SÉANCE


L’année Marvel 2018 continue. Et après le raz-de-marée Avengers : Infinity War, quoi de mieux qu’un bon film de merde pour faire retomber la pression.


Annoncée en octobre 2015, quelques mois seulement après la sortie d’Ant-man, la suite des aventures de l’homme-fourmi est le premier à briser la linéarité chronologique du MCU. Et on comprend bien la manœuvre étant donné la masse d’interrogations et d’attentes que suscite le combat contre Thanos. Une masse bien trop lourde pour les petites épaules de Scott Lang (Paul Rudd). Bien, Ant-man and the Wasp n’apportera donc aucune réponse post-Infinity War, ok pourquoi pas. Après tout, le dernier Avengers n’est sorti que quatre mois auparavant.


Toujours est-il que cela n’empêchait pas Peyton Reed de réaliser une bonne comédie d’actions super-héroïque avec un minimum d’écriture, de cohérence et d’envie. On en est malheureusement bien loin.


Deux ans se sont écoulés depuis Captain America : Civil War (qui ressemblait autant à une guerre civile que moi je ressemble à Ryan Gosling…). Pour avoir participé à cette baston entre douze types sur un aéroport allemand, Scott Lang est jugé et assigné à résidence. Bien décidé à se ranger et à laisser derrière lui toutes ces histoires blasantes de super-héros, Scott glandouille gentiment à la maison. Trois jours avant d’avoir purgé sa peine, il fait un étrange cauchemar mettant en scène le champ quantique et le Docteur Janet van Dyne, la Guêpe originelle. Ouf, sinon on allait vraiment se faire chier.



SUR LE FOND : 3 étoiles



C’est extrêmement mauvais. Déjà, il y a une énorme tromperie sur la marchandise. Si vous pensiez voir une aventure d’Ant-man, vous allez être déçus. Alors oui, l’homme-fourmi est bien là à l’écran, mais il est réduit (ah ah) à un rôle de side-kick ! Ant-man and the Wasp est en réalité un film sur Hank Pym (Michael Douglas) et surtout sur sa fille Hope (Evangeline Lilly) qui endosse le costume de la Guêpe. Cela en fait d’ailleurs la première super-héroïne à donner son nom au titre d’un film (déso Black Widow…).


On va donc suivre avant tout la quête familiale de Hank et Hope, pour laquelle Ant-man va juste prêter main forte. Cette quête sans grand intérêt illustre à mon sens tout le problème d’annoncer la date de sortie d’un film trois ans à l’avance, avant même d’avoir la moindre ligne de scénario. L’avantage, c’est qu’il ne faut pas plus d’une ligne pour résumer Ant-man and the Wasp, cinq petits mots pour être précis : MICHAEL DOUGLAS RECHERCHE SA FEMME. Autant dire que même sur un post-it, ce synopsis se sentirait bien à l’aise... Afin de respecter les 120 minutes réglementaires, l’aventure va donc être semée d’embuches par l’ajout non pas d’une, ni de deux mais bien de trois équipes rivales ! Nous avons la team Ghost (Hannah John Kamen)/Foster (Laurence Fishburne) pour te rappeler de temps en temps que t’es dans un film de super-héros à la base. Il y a l’équipe de Sonny Burch (Walton Goggins), un vilain homme d’affaires cupide pour le côté « on n’a pas cherché à faire dans l’originalité ». Et enfin, pour rajouter encore quelques péripéties inutiles, il y a le FBI et la police de San Francisco.


Je ne sais pas si cela constitue un genre cinématographique à part entière mais on est clairement dans ce style de film où le héros doit réaliser une mission d’apparence assez simple (souvent, c’est également sa dernière avant qu’il se range), mais où il va rencontrer une succession de problèmes jusqu’à que cela part totalement en vrille. Le premier Ant-man était un film de braquage, imaginé par Edgar Wright, ce qui collait parfaitement au personnage de Scott Lang. Ici, c’est un genre qui nécessite d’avoir un réel enjeu de manière à garder le spectateur en haleine. Un point complètement raté dans Ant-man and the Wasp. Faut dire que le personnage à secourir, Janet van Dyne (Michelle Pfeiffer), est présenté dans une scène d’exposition de 20 secondes en début de film, pas de quoi s’investir émotionnellement. Du coup, les protagonistes passent tout le film à courir après une valise pour sauver un personnage dont on s’en cogne complètement. Un enjeu osef pour une réussite qui fait pschitt.



Nothing can prepare you for what's coming.



Un sauvetage réussi qui interroge en plus. Visiblement la cohérence, les scénaristes ont décidé de se torcher avec… On part quand même retrouver une personne dans le champ quantique définie comme « une dimension où le temps et l’espace n’ont plus aucune signification ». Pour autant, on retrouve mamie grâce à des coordonnées spatiales et elle a conscience d’avoir poireauté trente ans… Quelle bande de boulets ! Je ne suis pas en train d’essayer de rationaliser la chose dans notre réalité à nous mais cette fin n’a aucun sens compte tenu des règles fixées par le film. On retrouve donc Janet van Dyne dans la dimension subatomique, TRENTE ANS plus tard, vivante en parfaite santé, dans des vêtements confectionnés sur place. Ce n’est pas possible, il y a un monop’ dans le champ quantique ? Ou Amazon y livre en drones ? Quitte à ne fournir aucune information, ils auraient encore mieux fait de garder une actrice jeune comme si le temps n’avait pas eu d’effet. Même ça, ça aurait été plus crédible ! Ce qui est particulièrement énervant, c’est de voir que l’argument « t’inquiète, c’est Marvel, réfléchis pas trop » a l’air de passer plutôt crème chez la majorité des spectateurs. Un film « traditionnel » exploitant des thématiques de science-fiction avec une telle crétinerie se ferait quant à lui ouvertement démolir.


Et puis, ce n’est pas comme si c’était le seul point du film laissant un petit peu à désirer. Plus besoin de costume, plus besoin de masque pour rétrécir ou grandir maintenant. On peut même faire rétrécir des véhicules ou des bâtiments avec des personnes dedans. Et le luxe, c’est qu’on peut faire tout ça pepouze en public : On fait apparaitre un van, on faire rétrécir un building en laissant un trou béant et tout le monde s’en balec. Je sais bien que c’est un univers où des extraterrestres ont envahi New York et où un scientifique devient tout vert lorsqu’il s’énerve mais les gens sont-ils vraiment devenus aussi blasés de tout ça ? Toujours concernant l’incohérence totale du film, la raison pour laquelle Ghost a absolument besoin du tunnel quantique et de l’énergie de mamie van Dyne est complètement survolée. A tel point que le dénouement de ce personnage se fait en 15 secondes au retour de mémé qui a justement récupéré des pouvoirs au cours de la ballade.


Oh bah ça, ça tombe bien alors !



SUR LA FORME : 5,5 étoiles



A la réalisation, on retrouve donc Peyton Reed qui avait déjà signé Ant-man en 2015 après le « départ pour différend artistique » d’Edgar Wright. Peyton Reed avait alors pu pleinement exploiter les six années de boulot du créateur de la trilogie Cornetto. Loin de moi l’idée de minimiser l’implication et l’importance de Peyton Reed dans le succès d’Ant-man mais tout de même : 1) L’idée d’en faire un film de casse, le concept de passage de flambeau entre Hank et Scott, l’aspect visuel et le gros du casting viennent d’Edgar Wright ; 2) C’est à Peyton Reed qu’on doit Yes Man


Bref, c’est donc une réalisation plutôt fonctionnelle, plate et sans ingéniosité que l’on retrouve dans Ant-man and the Wasp. Il y a tout de même de bonnes idées dans la façon de représenter des objets dans des proportions peu communes. Fort heureusement parce que réside là un des principaux intérêts du film. Ce qui est intéressant, c’est la manière dont sont utilisées ces différentes échelles, tantôt au service de l’humour (la camionnette utilisée comme trottinette), tantôt au service de l’action (le coup de la salière qui bloque la porte). Il y a également cette scène où Hope et Scott sont dans une voiture miniaturisée qui ragrandit sous une autre voiture, l’envoyant valser. Les bonnes séquences comme celle-là sont malheureusement bien trop rares, à tel point qu’elles figurent toutes dans le trailer (0:50).



I'm gonna call you ANT-onio Banderas !



Ça laisse donc peu de chose à analyser sur la forme. Visuellement, c’est fade comme la majorité des films Marvel. Le design de Ghost est toutefois assez sympa, et ses facultés permettent des effets intéressants et des séquences d’action originales. Et c’est bien une des seules choses à sauver parce que le reste est franchement oubliable, notamment la B.O.


Au final, avec un scénario aussi mauvais et rien sur la forme pour vraiment relever le niveau, Ant-man and the Wasp se classe logiquement à la dernière place des films du Marvel Cinematic Universe. Il succède donc à Spider-man : Homecoming au titre du pire film du MCU !


Pour info :



Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON



NOTE TOTALE : 4 étoiles


Créée

le 20 août 2018

Critique lue 221 fois

Spockyface

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