Antiviral par Kroakkroqgar
L’originalité du scénario tient de la prise de risque extrême: dans une société où le star system a atteint son apothéose, les fans s’infligent les maladies de leur idole. Et dans cet univers improbable, s’installera un thriller fondé sur le trafic de virus. Étrangement, on accepte presque facilement ce principe douteux, et le film ne parviendra que rarement à choquer le spectateur. En revanche, malgré un rythme un peu faible, on suit avec intérêt une intrigue qui utilise avec ingéniosité les opportunités offertes parle thème. Toutefois, on regrettera le manque de clarté dans le récit : le fonctionnement du Ready Face m’est apparu très obscur, mais c’est surtout le final qui aurait gagné en explications.
Pour retranscrire cette société malade, la réalisation propose une ambiance à la fois clinique et maladive. L’omniprésence du blanc à l’écran contraste avec le teint blafard et maladif de l’acteur principal, Caleb Laundry Jones, qui livre une performance perturbante. D’autre part, certains plans sont splendides, à condition de trouver dans le visage morbide Syd March une forme d’esthétisme.
En revanche, l’univers crée par Brandon Cronenberg se révélera particulièrement riche. Outre une fascination pour les maladies, on y verra encore de la greffe de peau, une insistance exacerbé des médias, du cannibalisme, et des espèces de sex tape inquiétante. Mais s’il ne s’agit là que d’idées grossières censé choquer, c’est surtout dans les quelques réflexions sur les stars que le film tire son épingle du jeu. En particulier, le médecin de Hannah Geist, propose la thèse selon laquelle la star touche au divin, parle pouvoir du regard collectif.
Un thriller au thème extrême, mais pas tout à fait convaincant.