Non, Appaloosa , ce n'est pas ici la célèbre race chevaline. Ce n'est pas non plus le western où Marlon Brando chevauche, justement, un appaloosa dans "l'homme de la Sierra". Non, ici, Appaloosa est une petite ville perdue on ne sait trop où mais vu les paysages, probablement aux confins du Nouveau Mexique.
C'est un western classique avec une intrigue non moins classique et je ne vais quand même pas m'en plaindre. La petite ville perdue Appaloosa est mise en coupe réglée par un rancher riche, Bragg, qui n'hésite pas à flinguer le shérif et ses adjoints venus chez lui pour arrêter deux de ses cow-boys. Et les notables d'Appaloosa, qui en ont un peu marre de ce zigoto, engagent un marshal avec son adjoint pour faire régner la paix dans la ville. On le voit, c'est une histoire rebattue à maintes reprises dans les westerns. Ce n'est d'ailleurs pas un problème en soi car le western, dans ce cas, s'apprécie sur la mise en scène et l'interprétation qu'on peut aussi, à l'envi, comparer à d'autres histoires similaires.
D'abord un mot de la mise en scène et de la photographie qui sont de belle facture. Les paysages sont bien exploités et plusieurs plans avec des jeux d'ombre, des couchers ou levers de soleil intéressants.
Au niveau de la distribution, Ed Harris s'est octroyé le premier rôle du marshall Virgil Cole. En tant qu'acteur, il faut reconnaître que Ed Harris (le grand manitou du "Truman Show") dégage une sacrée présence sur scène. Son adjoint, Everett Hitch, c'est Viggo Mortensen qui s'y colle mais c'est le tandem qu'il faut apprécier : alors que Ed Harris est un dur impitoyable mais au cœur tendre, Viggo Mortensen, c'est l'adjoint dévoué et respectueux, ténébreux mais lucide, la gâchette facile avec son fameux calibre 8. Un certain humour baigne le duo lorsque Ed Harris, le fort en gueule, se plante parce qu'il ne trouve pas le mot correct que lui souffle Mortensen. Les deux hommes se connaissent de longue date et n'ont pas besoin de se parler pour se "deviner".
Là où ça se gâte, c'est le choix de la femme avec Renée Zellweger qui arrive comme un cheveu dans la soupe et dont le personnage ne m'a pas du tout convaincu. Bon, je comprends l'idée scénaristique où Ed Harris, le dur, tombe amoureux fou d'Allie malgré sa rudesse dans son approche "tu es une putain ?" qui choque évidemment la donzelle mais ne l'empêche pas d'aller avec lui.
Mais je trouve que le personnage joué par Zellweger n'a, du coup, aucune consistance. Le scénario la montre volage, s'acoquiner à tout homme qui lui fait un peu de gringue ou pas d'ailleurs. Où sont donc passées les femmes des westerns classiques aux fortes personnalités qui dégageaient une empathie ou un pouvoir de séduction qui faisaient tout l'attrait de ces westerns ?
Quant au méchant de service, Bragg interprété par Jeremy Irons, il commence le western très fort puisque c'est lui qui flingue les trois sheriffs, ce qui n'est pas banal de la part d'un patron de ranch mais la suite le montrera plutôt faiblard.
Et je ne parlerai pas des indiens (Chiricahuas) qui sortent de nulle part, qu'on montre un tantinet cupides et qui repartent vers nulle part.
Même la conclusion du film, que je ne raconterai pas, ne m'a pas semblé à la hauteur de l'ambition dans la mesure où elle est réglée rapidement et aurait mérité, il me semble, un peu plus de développement.
Au final, c'est un western qui commence très fort mais ne tient pas sa promesse sur la durée d'environ 2 heures. Et c'est dommage.