Appaloosa
6.4
Appaloosa

Film de Ed Harris (2008)

Non, Appaloosa , ce n'est pas ici la célèbre race chevaline. Ce n'est pas non plus le western où Marlon Brando chevauche, justement, un appaloosa dans "l'homme de la Sierra". Non, ici, Appaloosa est une petite ville perdue on ne sait trop où mais vu les paysages, probablement aux confins du Nouveau Mexique.

C'est un western classique avec une intrigue non moins classique et je ne vais quand même pas m'en plaindre. La petite ville perdue Appaloosa est mise en coupe réglée par un rancher riche, Bragg, qui n'hésite pas à flinguer le shérif et ses adjoints venus chez lui pour arrêter deux de ses cow-boys. Et les notables d'Appaloosa, qui en ont un peu marre de ce zigoto, engagent un marshal avec son adjoint pour faire régner la paix dans la ville. On le voit, c'est une histoire rebattue à maintes reprises dans les westerns. Ce n'est d'ailleurs pas un problème en soi car le western, dans ce cas, s'apprécie sur la mise en scène et l'interprétation qu'on peut aussi, à l'envi, comparer à d'autres histoires similaires.

D'abord un mot de la mise en scène et de la photographie qui sont de belle facture. Les paysages sont bien exploités et plusieurs plans avec des jeux d'ombre, des couchers ou levers de soleil intéressants.

Au niveau de la distribution, Ed Harris s'est octroyé le premier rôle du marshall Virgil Cole. En tant qu'acteur, il faut reconnaître que Ed Harris (le grand manitou du "Truman Show") dégage une sacrée présence sur scène. Son adjoint, Everett Hitch, c'est Viggo Mortensen qui s'y colle mais c'est le tandem qu'il faut apprécier : alors que Ed Harris est un dur impitoyable mais au cœur tendre, Viggo Mortensen, c'est l'adjoint dévoué et respectueux, ténébreux mais lucide, la gâchette facile avec son fameux calibre 8. Un certain humour baigne le duo lorsque Ed Harris, le fort en gueule, se plante parce qu'il ne trouve pas le mot correct que lui souffle Mortensen. Les deux hommes se connaissent de longue date et n'ont pas besoin de se parler pour se "deviner".

Là où ça se gâte, c'est le choix de la femme avec Renée Zellweger qui arrive comme un cheveu dans la soupe et dont le personnage ne m'a pas du tout convaincu. Bon, je comprends l'idée scénaristique où Ed Harris, le dur, tombe amoureux fou d'Allie malgré sa rudesse dans son approche "tu es une putain ?" qui choque évidemment la donzelle mais ne l'empêche pas d'aller avec lui.

Mais je trouve que le personnage joué par Zellweger n'a, du coup, aucune consistance. Le scénario la montre volage, s'acoquiner à tout homme qui lui fait un peu de gringue ou pas d'ailleurs. Où sont donc passées les femmes des westerns classiques aux fortes personnalités qui dégageaient une empathie ou un pouvoir de séduction qui faisaient tout l'attrait de ces westerns ?

Quant au méchant de service, Bragg interprété par Jeremy Irons, il commence le western très fort puisque c'est lui qui flingue les trois sheriffs, ce qui n'est pas banal de la part d'un patron de ranch mais la suite le montrera plutôt faiblard.

Et je ne parlerai pas des indiens (Chiricahuas) qui sortent de nulle part, qu'on montre un tantinet cupides et qui repartent vers nulle part.

Même la conclusion du film, que je ne raconterai pas, ne m'a pas semblé à la hauteur de l'ambition dans la mesure où elle est réglée rapidement et aurait mérité, il me semble, un peu plus de développement.

Au final, c'est un western qui commence très fort mais ne tient pas sa promesse sur la durée d'environ 2 heures. Et c'est dommage.


JeanG55
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Westerns

Créée

le 1 déc. 2024

Critique lue 22 fois

5 j'aime

3 commentaires

JeanG55

Écrit par

Critique lue 22 fois

5
3

D'autres avis sur Appaloosa

Appaloosa
Ugly
7

Un western huilé comme un Colt

Une petite ville du Nouveau-Mexique est sous la coupe d'un gros fermier qui fait sa loi ; les notables font appel à un marshall et à son adjoint réputés pour s'en débarrasser. Etrangement, Appaloosa...

Par

le 13 sept. 2017

32 j'aime

10

Appaloosa
-Marc-
8

Souvent femme varie...

"Souvent femme varie, bien fol est qui s'y fie", (1) surtout si elle s'appelle French. Ce western qui fait la part belle à la fidélité en amitié serait des plus classiques si la femme n'était au...

le 7 févr. 2013

21 j'aime

7

Appaloosa
krawal
4

Ca aurait pu le faire...

Je n'étais pas loin de passer un bon moment avec ce western soigné, avec une ambiance réaliste et des idées rarement vues dans le genre (la scène du "procès" par exemple). Mais l'histoire est...

le 4 avr. 2010

20 j'aime

2

Du même critique

L'Aventure de Mme Muir
JeanG55
10

The Ghost and Mrs Muir

Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...

le 23 avr. 2022

26 j'aime

9

Le Désert des Tartares
JeanG55
9

La vanité de l'attente de l'orage

C'est vers l'âge de vingt ans que j'ai lu ce livre. Pas par hasard, je me souviens très bien qu'un copain me l'avait recommandé. J'avais bien aimé. Cependant, je n'ai jamais éprouvé le besoin de le...

le 7 avr. 2023

25 j'aime

33

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

25 j'aime

5