Recife est la cinquième plus grande agglomération brésilienne. A l'ombre de Rio de Janiero et de Sao Paulo, elle ne fut que très peu mise en image, même à l'époque du cinéma novo qui lui préferait les deux villes sus-citées. Il faudra attendre 2012 pour que Kleber Mendonça Filho, jeune réalisateur natif de Recife, l'impose comme capitale actuelle du cinéma brésilien avec ses Bruits de Recife.
Allant même jusqu'a l'ériger au rang de personnage principal de sa filmographie. Dans Bruits de Recife, aussi bien que dans Aquarius, son nouveau film, la ville n'a pas d'égal.
Si la ville, entre modernité et renouveau reste au centre de son cinéma, Kelber Mendoça Fihlo y oppose cette fois-ci une incarnation. Sublime dans le rôle de Clara, Sonia Braga mérite toutes les récompenses imaginables. Ancien sex-symbol et idole nationale (rapellez-vous du Baiser de la Femme Araignée), elle livre une des performances les plus justes de l'année, tout en dignité et en intense retenue. Si la réalisation n'est pas virtuose, elle épouse avec amour les formes et les particularités de cette ville et de ce personnage aux destins si liés, ces entités dépassées et usées par l'âge mais brûlant d'envie de mener le reste de leurs années avec une intensité inchangée, qu'importe l'adversité.
Aquarius n'est pas qu'un très bon film, c'est aussi un film important, une ode à la résistance. C'est un combat individuel pour la liberté, rendu encore plus important par son injustifiée (et politique) interdiction aux moins de 16 ans dans son pays d'origine.