Chronique familiale de 2 mois dans le Queens natal de son réalisateur, "Armageddon Time" se déploie à deux échelles : la menace imminente d'une fin du monde causée par l'homme et sa bêtise au début des 80's (menace nucléaire, avènement de Reagan, montée en puissance des inégalités raciales, sociales et culturelles) et la fin d'un monde pour son protagoniste, Paul (comprendre James), qui perdra sur peu de temps tous ses repères, de ses proches à ses amis, pour faire tristement face aux maux d'une société de compromis face à un rêve américain déjà obsolète et vicié.
Hopkins, Hathaway et Strong sont magnifiquement dirigés, tout comme les deux comédiens enfants, qui portent en eux la flamme intérieure de l'envie d'un monde qui rêve, d'un compas moral juste, et d'une équité qui n'a jamais été, et ne sera sûrement jamais. La petite histoire dans la grande pour James Gray, qui offre la fusion ultime de ses thématiques, de l'assimilation de "Little Odessa" et "The Immigrant" aux traumas familiaux de "We Own the Night" et "Ad Astra", en passant toujours par le poids du choix ; entre facilité sans honneur et intégrité sans gloire.
La meilleure manière de poser ses valises sur Terre après ses allers sans retour sur Neptune et l'Amazonie, et d'enrober son oeuvre en un segment d'histoire aussi intime que bouleversant.