"Armageddon time" démarre. Puis ça démarre, ça démarre, ça démarre, ça... ne démarre pas ? On passe le film à attendre un événement qui ne vient pas, quoi que ce soit qui secoue un peu la triste pâleur de ce long-métrage. James Gray prend son temps et nous prépare pour le grand moment. Il met tout en place, plante le décor, présente ses personnages, on retient son souffle et on est tout prêts à s'extasier et puis... pof, le tout retombe comme un soufflé trop tôt sorti du four. L'intrigue est dans l'intime évidemment, mais l'intime l'est-il si on l'a déjà vu autre part ? Car tout ce que propose le réalisateur a un arrière-goût de déjà-vu : la figure du grand-père empli de sagesse, le jeune artiste que personne ne comprend, la mère tendresse et le frère cruel, l'amitié empêchée... Que d'images éculées ! On ne retient de juste et profondément beau que le personnage du père, touchant d'humanité et de colère retenue, pétillant mais sévère, qui sauve in extremis "Armageddon time", dont l'intensité rend d'ailleurs plus proche d'une guéguerre d'opérette que d'une bataille entre rois et dieux.