En 1980, un adolescent du Queens, Paul, vit une période de changements, où le président Ronald Reagan prophétise le temps d'Armageddon, son caractère qui change face aux injustices que vit son camarade de classe de couleur noire, et enfin, la naissance de sa vocation artistique à la consternation de ses parents mais où son grand-père l'encourage dans sa voie.
A chaque film, James Gray parle toujours de sa famille par petites touches ou de manière plus frontale (The immigrant, sur ses grands-parents), mais là, c'est de lui dont il est question : le garçon pourrait être lui en 1980, ses grands-parents ukrainiens, le rapport conflictuel avec ses parent, l'histoire qui se passe dans le Queens où il a vécu... et la naissance de son goût pour l'art. Dans le film, le garçon va se passionner pour le dessin après avoir été impressionné par un tableau au musée du Guggenheim lors d'un voyage scolaire.
Le tout filmé dans des tons d'automne, avec une lumière sublime signée Darius Khondji où le soleil ne semble jamais passer, mais qui reflète en même temps la noirceur qui entoure ce garçon, et son envie de changer qui bouillonne, avec l'envie de ne pas faire ce que ses parents souhaitent. Il faut dire aussi que tout le casting est formidable, avec en particulier Anthony Hopkins qu'on a rarement vu aussi touchant, qui va être en quelque sorte le patron de la famille, et donner un conseil capital au garçon joué par l'excellent Michael Banks Repeta, à savoir devenir un mensch.
D'ailleurs, les parents joués par Anne Hathaway et Jeremy Strong ne sont pas montrés sous un jour enviable, surtout le second qui n'hésite pas à être violent avec ce fils dont il ne sait que faire, en échec scolaire.
On y parle en substance de Trump, dont la famille subventionne en partie l'école prestigieuse où il va être titularisé, mais aussi et surtout l'envie de briser le carcan familial à travers notamment la scène finale, sublime, où Paul va en quelque sorte choisir son destin. Ce qui fut aussi le cas de James Gray, qui sécha assez vite sa scolarité pour aller voir des films.
Armageddon time se veut assez sobre, sans faire le malin, et avec des acteurs et actrices formidables, mais dans le cas du réalisateur, qui est un des rares à n'avoir jamais raté de film dans sa carrière, comment va-t-il évoluer ensuite après avoir autant parlé de lui-même ?