Un film sur les déterminismes sociaux, la question de la liberté et la violence de classe.
D'un côté, les néo-ruraux cultivés, qui savent comment faire fructifier la terre, qui ont le temps de laisser en jachère un bout de champ, qui ont la patience de retaper des maisons pour qu'un jour, de nouveaux habitants puissent s'installer.
Ils pensent au long-terme, ils ont une fille, une descendance.
En face, ceux qui survivent au jour le jour, qui rêvent partir de leur village. Ceux qui n'ont pas d'argent, pas de femmes, pas d'enfants. Ils revendiquent leur ancienneté sur cette terre pour avoir le droit de la détruire avec des éoliennes, tout cela pour un rêve de devenir chauffeur de taxi en ville. Ils sont dans le court-terme.
Les uns font tout bien, essaient d'apaiser les tensions, de passer par les moyens légaux, de faire profil bas même quand en face, les insultes pleuvent.
Les autres font tout mal, sont moches, débiles, méchants, violents, criminels.
Ils sont chacun des émanations de leur milieu. La misère financière engendre la misère affective, intellectuelle, sociale.
À partir de cela, on peut se demander : quelle place à la liberté individuelle ? Les frères auraient-ils pu agir accueillir avec joie et bienveillance ces nouveaux agriculteurs plein de projets pour leur village ? Auraient-ils pu choisir le bien ?
Le problème vient de l'espérance folle qu'a suscité ce projet d'éolienne, et la jalousie éprouvée envers Antoine et Olga.
"Tu nous as ruiné", lance le grand frère à Antoine. Mais c'est faux, il ne leur a rien pris, puisqu'ils n'ont jamais rien eu. Si ce n'est que l'espoir d'un enrichissement, qui était peut-être, après 50 ans de labeur, leur plus grand trésor.
Face au conflit, les autorités ferment les yeux, laissent faire. Une critique d'un État qui ne fait rien pour apaiser la tension sociale, ou bien donne des conseils dérisoires comme "prendre un verre et discuter". Même une mort d'homme ne change pas leur attitude.
Le film termine néanmoins sur une touche d'espoir : lentement, mais sûrement, le travail paie. À force de persévérance de la part d'Olga, les autorités finissent par faire leur travail.
Le réalisateur nous invite ainsi à prendre les choses en main par nous-mêmes et exiger plus de la société, de manière certes pacifique, mais méthodique.