L'amour, on en fait l'éloge quand on est sur un nuage et nous laisse un goût amer après une séparation. Asako, jeune fille réservée et peu démonstrative se laisse porter par ses sentiments. Elle aime, puis elle n'aime plus. Elle vit dans la spontanéité qui l'empêche d'affronter ses problèmes comme une adulte. Ce qui pourrait en énerver certains, mais chacun vit ses propres histoires à sa manière.
C'est une histoire d'amour et une histoire de miroir dans lequel on souhaite se regarder. Avec qui s'unir ? Celui qui nous ressemble par le physique ou la personnalité ? C'est une histoire prise sur le vif, par une jeune femme piquée par les sentiments sur le moment. Parfois on s'en détache pour basculer du côté de l'âme soeur qui nous fait petit à petit oublier l'ancien petit ami, qui on le sait va surgir à tout moment et tout effondrer.
Ryusuke Hamaguchi filme son héroïne à la manière d'un portrait d'artiste peintre. Comme un ange lors de sa filature avec Baku ou comme la Joconde lors de leur premier échange de regard. Il utilise des teintes désaturées, qui nous donnent l'impression d'être dans une bulle presque hors du temps et donne un charme aux paysages. Mais la force vient surtout de la dramaturgie qui nous fait douter des sentiments d'Asako durant tout le long du film et son charme naturel ne peut nous empêcher de nous attacher à elle.
Après "Senses" qui semblait un peu moins accessible avec son approche antonionienne et la longueur de ses séquences, Ryusuke Hamaguchi va plus découper ses scènes dans "Asako I & II" et y apporter du rythme, ce qui nous donne cette sensation que tout avance, alors qu'en fait notre héroïne n'arrête pas de tourner en rond.