Samuel Benchetrit est écrivain, cela se voit.
Asphalte est la délicate et bizarroïde tentative de faire d'un film un puzzle sans solution, composé d'historiettes, aussi touchantes que barrées, qui jamais ne se croisent.
Un HLM pour lieu commun. Un ascenseur comme point de rencontre.
Samuel Benchetrit est photographe, cela se voit.
Son film, composé de vignettes, est, par son format 1:1, un long portrait. Portrait qui souligne les visages, les émotions, de ses personnages, tous atypiques, incarnés par des acteurs, tous surprenants (Jules Benchetrit, fils du réalisateur, révélation évidente du film, mais surtout le couple décalé formé par Michael Pitt et Tassadit Mandi, au rôle fort et touchant) pour lesquels on se prend une sympathie immédiate et spontanée.
Format de prédilection de la photographie, rappelant les fameux polaroïds que prend le personnage qu'interprète Gustave Kerven, le 1:1 semble évident tant il magnifie les décors (donc la beauté n'est pourtant pas évidente, pour le coup), les visages, souligne les intentions et explicite l'implicite.
Samuel Benchetrit est cinéaste, cela se voit.
Car son film est une pépite. Une de celle vers lesquelles on est attiré sans trop savoir pourquoi. Entre direction d'acteur, sens du scénario, de la photographie et même de la musique (partition magnifique de Raphaël), on se demande presque ce qui pousse l'écrivain à en rester un.
Car ce film, beau, drôle, lunaire et délicat est une perle qui mérite tous les honneurs.