C’est l’une des plus célèbres malédictions du cinéma : dès que l’on adapte un jeu vidéo, le résultat est souvent médiocre, au mieux rarement potable. En 2016 sortait « Assassin’s Creed », qui tentait de rompre ce funeste sort. Adaptation d’une franchise à succès d’Ubisoft, mais surtout, conduite par le trio derrière le très réussi « Macbeth » sorti l’année précédente. A savoir, Justin Kurzel à la réalisation, Marion Cotillard et Michael Fassbender en têtes d’affiche ! Passer de William Shakespeare au jeu vidéo, pour quel résultat ?
Malheureusement, « Assassin’s Creed » fut une énorme déception compte tenu de son potentiel. Le problème majeur est un scénario absolument affreux. Passé un texte défilant des plus paresseux, on comprend que l’on va voir deux sections s’affronter pour le contrôle d’un artefact capable de contrôler le libre-arbitre (rien que ça !). Sauf qu’une fois cette introduction envoyée à la figure, on se moque éperdument de ce qui se passe à l’écran. Personnages non développés, dialogues répétitifs, intrigue laborieuse bourrée d’incohérences, un protagoniste qui ne se soucie pas plus que le spectateur de cette histoire de boule de pétanque magique…
Et ce n’est pas la forme qui sauvera le film. Artisan pourtant talentueux, Justin Kurzel livre bien quelques images sympathiques de l’Espagne de 1492. Et il y a l’idée salutaire de faire parler les personnages espagnols… en espagnol (rare à Hollywood). Mais le tout est régulièrement noyé dans une bouillie numérique infâme, et des séquences de castagnes rarement lisibles, la faute à un montage chaotique. Le pire étant que tout ça se prend terriblement au sérieux, à l’image de ces « assassins » qui passent leur temps à prendre la pose pour mettre une capuche (ça ne doit pourtant pas être bien pratique pour se battre, non ?).
Alors oui, Michael Fassbender, Marion Cotillard, et Jeremy Irons font bien ce qu’ils peuvent. Mais vu ce qu’on leur demande de jouer, il n’ont pas beaucoup de possibilité de surnager dans cette mélasse.