Pour une de ses dernières œuvres, loin de ses “si le cinéma m’était conté”, Guitry a conçu une… petite œuvre. Compromis ultime entre littérature, théâtre & film, Assassins et voleurs est modeste dans les trois genres à la fois, voire, comme le dit Serrault, digne d’aucun d’eux car son sujet est une tentative de sortir le fait divers du regard morne & insensible que le lecteur du journal lui accorde, afin de le mettre dans un cadre plus digne de l’amusement – terme qui est d’ailleurs le credo de trois personnages, bonjour les tics d’écriture.
Mais l’écriture reste du Guitry, & le Guitry, c’est bien. C’est du jeu de mots dissimulé, de la référence discrète, en somme toutes choses qui sont & demeurent jouissives. On ne peut pas en dire autant de la continuité qui toussote, ni du fait que l’on est un peu pris pour des andouilles quand on doit croire que le bateau immobile est en mouvement (du coup, j’ai cru qu’ils étaient vraiment immobiles). Le déroulement est un égarement constant, encore plus dirigé par les digressions que le petit rôle de Darry Cowl n’en exploite en cinq minutes.
Comme on l’a dit, c’est une œuvrette : un divertissement… “innocent” qui est déjà bien gentil d’être spirituel, & un raccommodage où Poiret fait très bien semblant qu’il est Guitry lui-même dans son rôle d’instigateur général du rebondissement. Un film qui sera toujours à redécouvrir.
→ Quantième Art