Après un très bon "Goût des autres", il faut reconnaître que la filmo d'Agnès Jaoui aura eu tendance globalement à baisser en qualité, et ce quatrième long-métrage n'est clairement pas son meilleur.
Pourtant, si "Au bout du conte" pourra apparaître anecdotique, le cinéma de Jaoui (toujours flanquée de son acolyte Bacri au scénario) diffuse toujours quelque chose de chaleureux, j'allais dire de confortable, malgré sa tonalité douce-amère.
Ce qui frappe d'emblée, c'est que le couple chéri du cinéma français a pris un sacré coup de vieux! Déguisée en marâtre (ou en bonne fée, c'est selon), Agnès Jaoui n'a plus rien de la jeune première délicate de "Cuisine et dépendances", et Jean-Pierre Bacri, ridé et amaigri, apparaît lui aussi vieillissant.
Or c'est à cette période avancée de son existence que le tandem décide de tourner son film le plus optimiste et le plus sentimental...
"Au bout du conte" s'apparente en effet à une comédie romantique chorale, dans laquelle Jaoui et Bacri revisitent et détournent les codes du conte pour (grands) enfants.
On relève ainsi de nombreuses références à cet univers, tels que le petit chaperon rouge et le grand méchant Wolf, le prince qui perd sa pantoufle de vair, l'auto-école Leconte, etc...
Par ailleurs, un effort a été effectué sur le plan formel, avec des transitions soignées au début de chaque séquence (dans la première demi-heure), matérialisées par de petits décors à l'avant-plan, bénéficiant de trucages ou d'effets visuels.
Ces efforts apparaissent hélas un peu gâchés par une photo assez moche, et par le choix parfois contre-productif d'illustrer chaque séquence par de la musique classique ou de l'opéra.
Comme à chaque fois, Agnès Jaoui réunit une troupe de comédiens talentueux, pas très connus pour la plupart - l'occasion de découvrir de nouveaux visages.
Le revers de la médaille, c'est que pour s'opposer aux diktats contemporains, Jaoui prend grand soin de choisir des comédiennes au physique très quelconque, éloigné des canons de beauté habituels.
Je comprend bien l'idée, mais ça reste du cinéma, on a le droit d'être un peu glamour, surtout pour une comédie romantique. Eh bien non, la jeune première aura donc les traits ingrats d'Agathe Bonitzer, entourée des visages ternes de Dominique Valadier, Nina Meurisse et Valérie Crouzet (la maman d'Alma Jodorowsky).
Au passage, on notera tout de même que les scrupules de Jaoui volent en éclat lorsqu'il s'agit de son casting masculin, composé des séduisants Arthur Dupont, Benjamin Biolay et Didier Sandre.