La misère sociale qui met au défi la légendaire monovisagite finlandaise : voilà la forme que prend cette fois l'ode ouvrière de Kaurismäki.
Jouant aux petits capitalistes, ses personnages s'entourent de moins de choses qu'en Occident pour combler un vide qui paraît plus grand. Des licenciements, du chômage, des inspections qui tombent mal, des opportunistes malsains qui sont le dernier recours du travailleur désespéré… Il n'est pas difficile de voir dans l'univers du film la continuité des regrets causés par le changement de système après l'URSS. Une Finlande excentrée, trop coupée de l'Europe, coincée entre ce qui continue d'être deux blocs : c'est toujours la même histoire chez Kaurismäki. Ce qui change, c'est la clé.
Ici, par exemple, on foncerait dans le mur en croyant que le peuple de Finlande n'a que ce qu'il mérite, et que l'objectif du réalisateur est de lui renvoyer ses clichés à la figure. Au contraire, derrière les visages fermés se joue la reconquête d'une vie qu'on pourrait dire « normale ». C'est au spectateur d'attribuer les bonnes émotions aux bons personnages, dans une sorte de puzzle gentillet qui remet tout un cinéma en grâce sans s'en donner les airs.
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