We have all the time in the world

James Bond sauve une belle inconnue de la noyade, qui s'avère être Tracy Draco, comtesse Di Vincenzo, la fille dépressive (et même suicidaire) de Marc-Ange Draco, un puissant dirigeant mafieux corse, et il en pince vraiment pour elle. Ça tombe bien d'ailleurs, ledit dirigeant mafieux cherche à la marier. Bond piétine dans son enquête sur Ernst Stavro Blofeld jusqu'à retrouver sa trace dans les Alpes suisses, où ce dernier fomente un plan des plus diaboliques, comme toujours.

Un grand virage dans la série, et des plus salutaires (provisoirement hélas). Exit Sean Connery (il en avait marre et demandait trop, pas écossais pour rien), cette fois ce fut le tour d'un jeune premier, George Lazenby, mannequin australien de grande taille, acteur inexpérimenté mais doué pour les bagarres (le seul pratiquant d'arts martiaux de toute l'histoire de la franchise, il fut même un ami proche de Bruce Lee) et qui n'avait pas peur de porter le kilt. Très peu de gadgets, et des vraisemblables pour le coup, un Bond étonnamment humain qui ressemble plus à un gendre idéal qu'à l'homme à femmes habituel (et pour cause, il va se marier, même s'il s'offre l'une des cobayes de Blofeld pour une nuit au passage... et lit Playboy) dans l'un des trois seuls films de la saga avec un final véritablement tragique.

Quelques gaffes (Lazenby qui brise le quatrième mur, une "nuit américaine" mal foutue, un petit lot de références inutiles aux six premiers films, objets et musiques à l'appui), mais cet épisode a bénéficié de la présence incomparable de celle que je considère comme la déesse British des sixties : Diana Rigg (juste après son départ de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, elle sera au final peu enthousiasmée par le monde du cinéma) et d'un Blofeld bien plus sinistre qu'avant, il ne sera pas sans rappeler par moments Maggott des Douze Salopards et pour cause, c'est le même acteur : Telly Savalas. Il est aussi plus impliqué qu'avant dans l'action.

Un épisode que je trouve pour ma part bien trop méprisé, méconnu et sous-estimé (et la référence constante -qui m'agace- à Sean Connery comme "le meilleur de tous" a beaucoup à voir avec cela). Le trop-plein de confiance de Lazenby en son agent et les résultats pas très encourageants du film (pour beaucoup de monde, et même encore aujourd'hui, le seul et unique James Bond c'était Connery, je n'ai jamais été de cet avis et je ne le serai jamais, chacun a apporté une pierre à l'édifice, merde) auront précipité la fin de sa carrière dans le rôle suite à son départ au moment même où le film sortait, et les producteurs seront forcés de rappeler Connery à grands frais, pour le pire ... et surtout pour le pire.

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