Pas revu depuis dix-neuf ans, il était temps de me replonger dans la vision originale et moderne de Kathryn Bigelow sur le vampirisme, offrant une œuvre sombre et étrangement romantique par le lien qui unit le héros à l'une des succubes. À la fois portrait de l'Amérique profonde (l'action se déroule en Oklahoma) et récit fantastique ponctué de violence, « Aux frontières de l'aube » peut compter sur le talent de sa réalisatrice pour être un savant mélange de série B associé à une atmosphère presque planante, accentuée par la musique de Tangerine Dream et, surtout, cette obscurité logiquement omniprésente, visuellement séduisante.
Ici, loin d'être des créatures élégantes, séduisantes, les vampires ressemblent plus à des criminels violents abusant de leur pouvoir, l'occasion d'une ou deux scènes assez brutales. Le final, assez spectaculaire, va également dans ce sens, avant une conclusion étonnamment apaisée. Une réécriture « punk » du mythe pour une série B de belle facture, où l'on regrette simplement un léger manque de percussion, dont on retient surtout l'ambiance, certaines belles images et quelques moments marquants, ce qui est déjà pas mal !