Juillet 2008. J'assiste à une soirée spéciale Marvel avec Iron Man et L'Incroyable Hulk diffusés à la suite. Obligé de rester pendant le générique du premier film, qui m'a d'ailleurs conquis, j'assiste à ma première scène post-générique. Un Samuel Jackson borgne s'avance vers Tony Stark pour lui parler d'un certain programme Avengers... Ok, pourquoi pas, la suite !
L'Incroyable Hulk ayant tout détruit sur son passage, dont quelques unes de mes neurones, je souffle lorsque l'écran devient noir et commence à papoter avec mon ami, mais une autre scène se lance et un certain Tony Stark s'invite pour évoquer la même chose que Jackson deux heures plus tôt.
Émerveillement total pour ma part. Deux films dans le même univers, connectés à coups de clins d’œil et de références. Le potentiel du MCU ne m'est alors pas encore totalement révélé mais le sera progressivement après avoir vu Captain America rencontrer Nick Fury dans le New-York contemporain ou le marteau de Thor apparaître après ces deux douloureuses heures d'Iron Man 2. Tout cela se concrétise en 2012 avec le premier Avengers, véritable fantasme sur grand écran qui pulvérise tout ce qui a été fait avant en termes de spectacle, de générosité et d'audace.
10 ans et deux phases de plus en plus gargantuesques plus tard, Infinity War s'impose comme la conclusion définitive d'un univers qui m'a divertit et passionné chaque année. Je ne m'en suis jamais caché, le Marvel Cinematic Universe (MCU) est une de mes plus grandes passions filmiques. Les films sont certes de qualités variables, mais la cohérence et la générosité de l'ensemble me rappellent la lointaine époque où un simple tyrannosaure m'enchantait au point d'en user la VHS.
Dire que j'ai attendu ce film serait l'euphémisme du siècle. J'ai, deux heures après l'avoir vu, encore beaucoup de mal à réaliser que le moment est enfin arrivé. Mais j'ai encore plus de difficulté à admettre que mes attentes ont été comblées et que oui, Infinity War est un tournant dans l'histoire du cinéma.
Je ne veux pas dire par là qu'il révolutionne le format comme l'a fait un Jurassic Park, non. Mais comme son prédécesseur de 2012, le film n'aurait été qu'un rêve il y a 30 ans. Impossible d'imaginer autant de complexité dans les effets spéciaux ou d'avoir un casting aussi gigantesque dans le même film. Il y a définitivement un avant et un après Infinity War. J'ai d'avance pitié pour les Marvel ou les DC qui suivront, tant la barre vient d'être placée haut.
Je n'entrerai pas dans les détails de l'intrigue, elle est extrêmement riche et réserve son lot de surprises. Je tiens néanmoins à souligner que contrairement à ce que j'avais pu lire voire craindre, la gestion de tous les personnages est parfaitement exécutée. Tout le monde a son moment, son quart d'heure de gloire, les personnages qui doivent être mis en avant le sont, ceux qui ont déjà eu cette occasion laissent la place aux autres sans pour autant disparaitre (Captain America).
Non content de réussir ce pari risqué, les frères Russo trouvent de plus le temps de brosser le portrait complexe de Thanos qui, après avoir été "teasé" à trois reprises par le passé, prend enfin vie à l'écran. Criant de réalisme, nuancé, parfaitement doublé par un Josh Brolin incroyable, le Titan Fou s'impose sans aucun problème comme LE méchant du MCU, mais surtout son personnage le plus passionnant. Animé par un but simple et logique mais également tiraillé par sa relation avec sa fille adoptive Gamora, assez bien reprise ici, Thanos n'est plus un amas d'images de synthèse. C'est le personnage principal du film, faisant avancer l'intrigue à chacune de ses actions. Il suffit de voir la dernière scène du film pour réaliser à quel point le pari était osé mais tout à fait cohérent.
L'Ordre Noir, secondaire, n'en est pas moins charismatique à souhait, avec quatre sbires dont la classe n'a d'égale que la férocité. Il ne faut pas oublier quelques apparitions (inattendues) de personnages croisés tout au long de la saga mais dont je tairai les noms pour ne pas gâcher le plaisir. En effet, ils achèvent de faire du film un tout cohérent, qui relie sans problème ce qui a été fait sur une décennie.
Enfin, si l'action est efficace, les combats ont des enjeux si cruciaux qu'on en oublie les plans cools et les explosions pour se prendre à redouter le coup fatal à chaque instant. Car ni le scénario, ni Thanos ne feront un seul cadeau. Du premier au dernier quart d'heure, le film est un véritable rollercoaster émotionnel qui surprend par ses choix osés et sans concessions, notamment dans son final d'une noirceur qui a laissé la salle sur le carreau.
Bien plus que le film de super-héros ultime, Infinity War est une tragédie au service de ses personnages, tour à tour aimante et cruelle. Un grand moment de cinéma et la réelle impression d'une chance inouïe, celle d'être né à une époque où son existence est possible.