Comme tous les autres films du Marvel Cinematic Universe, le long métrage débute par la bannière des studios. Pourtant, quelque chose a changé. L'ambiance est pesante ; pas de musique ni de fanfare à la Homecoming, prévoyant ainsi les 2h30 de drame Marvelien qui va suivre.
10 années séparent le premier coup d'envoi des studios Marvel de ce troisième opus Avengers. 10 années de doutes, de gloire, de succès et de risques. La promesse d'une convergence absolue de toutes les intrigues vers l'apogée Infinity War semble pompeuse, pourtant c'est bien réel. Et quand l'heure est enfin venue d'assister au début de la fin, il se trouve que la tension est maximale. Finalement, dire Adieu à certains personnages risque d'être plus pénible que prévu.
Infinity War apparaît à la fois comme la réponse et la consécration de tous les reproches adressés au MCU : le méchant banal devient le main character, les enjeux se soulèvent et l'émotion gagne du terrain. Certes, la vague d'effets spéciaux numériques et les raccourcis scénaristiques abondent, mais qu'importe pour un film de 2h30, il fallait s'y attendre. Les frères Russo reprennent la caméra pour un diptyque faussement assumé à l'allure apocalyptique, quelques années après leur irruption dans la saga Captain America, livrant deux des meilleurs films Marvel. Et en reprenant les rênes de la saga initiée par Joss Whedon, les Russo livrent clairement le meilleur film du MCU. Facile à dire ?
Se réinventer pour mieux détruire, c'était la devise de Thor : Ragnarok. Ici, c'est plutôt détruire pour mieux se réinventer. Les 18 films précédant Infinity War ont permis d'établir les personnages, leurs liens et leurs principales interactions, si bien que ce dix-neuvième film n'en a que faire de poser l'intrigue. Les 2h30 sont uniquement consacrés à Thanos et aux séquences d'action. Et cette fois, bouder son plaisir devant ne serait que folie. Les frères ne délivrent pas une réalisation parfaite, et la mise en scène semble vaguement dissimuler ses évidents défauts, sans que l'on y prête forcément garde.
Il suffit de réentendre le thème des Avengers pour se rappeler à quel point le MCU nous a fait voyager jusqu'alors. La boîte la plus prolifique en divertissements réussis a su s'imposer, petit à petit, comme un modèle à travers le cinéma hollywoodien. L'univers partagé et le classicisme (quand il ne faut pas dire 'académisme', il est vrai) semblent tous deux être en réalité que des préparations en vue du rassemblement ultime opéré dans la guerre contre le Titan Fou. Rassembler autant de protagonistes dans un seul film semblait être perdu d'avance, mais c'était sans compter l'intelligence de Kevin Feige. L'utilité de films se ressemblant globalement, se regroupant sous un schéma narratif similaire et à l'ambiance générale semblable, est maintenant découverte : car il aura fallu cela pour regrouper tout ce joli monde dans un seul film.
Fort de son emprise sur l'industrie cinématographique, les studios Marvel prouvent qu'ils ne sont pas arrivés au sommet sans sacrifices. S'insurgeant des défauts qu'on veut leur faire porter, ôtant le fun qu'on leur assène à chaque nouveau film, Kevin Feige et sa troupe passionnée offrent l'impensable : un crossover comic booké surprenant, épique à souhait et monstrueusement impactant, fort de ses promesses tenues, de ses interactions entre les multiples protagonistes et de son vilain, élevé au plus haut statut qui soit. L'attente va être longue, mais comme l'a dit Captain America un jour, "Patience is a vertue."