Babygirl est un thriller érotique, sans aucune morale ni découverte, plutôt animé d'une névrose : celle qui pousse Romy (Nicole Kidman) à vouloir tout contrôler dans sa vie, jusqu'au jour où, lors d'une nuit sans passion, elle ressent le besoin de ne plus rien maîtriser et franchir cette frontière de l'abandon, où elle se perd dans l'excitation d'être vivante.
Nicole Kidman est sans aucun doute une grande actrice, qui sait faire passer des émotions à travers l'objectif de Halina Reijn. Une femme qui tente d'explorer la psyché complexe de cette autre femme qu'est Romy : riche et puissante, intelligente et vulnérable. Dirigeante d'une grande entreprise de haute technologie à New York, dans une perspective post-féministe.
Une femme comblée en apparence, mariée à Jacob (Antonio Banderas), directeur de théâtre. Un homme qui l'aime, ainsi que leurs deux filles.
Romy a construit son existence telle un algorithme soigneusement choisi, offrant un résultat conforme à ses pensées. Mais elle ne peut oublier son corps et ses envies, qui échappent à cette logique. Libre et assoiffée, défiant sans relâche toute tentative d'être enfermée dans un programme parfait.
Sa position lui empêche tout désir intime, jusqu'à l'arrivée de Samuel (Harris Dickinson), ce jeune stagiaire qui la regarde autrement. Il devine en elle les besoins qu'elle dissimule. Cette façon singulière de lui parler, insolente, presque déplacée, éveille en elle une chaleur confuse.
Très vite, chaque rencontre place ce film vers une tentation de plaisir, célébrant le chaos comme seul état possible de désir.
Bientôt, il ne s'agira plus que de rencontres furtives, où elle ne cessera de s'exposer et de mentir pour être honnête. Pour finir par se laisser emporter au bord de ce vertige, prisonnière volontaire de ces jeux cruels. Elle aime être humiliée, dégradée, prête à tout pour être l'esclave de ses yeux : ce jeune garçon au visage d'ange déchu, maître de ses instincts inavoués, venu la blottir dans ses bras et l'envahir de ce sentiment honteux qui l'attire, à n'en plus finir. Cet interdit enfiévré qui la trahit dans ce lit, lorsqu'elle ne rêve plus que de baiser qu'avec lui, et entendre ce cri d'ivresse qu'elle étouffe, par peur de trahir ce goût profond qu'elle désire.
Plus rien n'a d'importance à présent, même son mari dépassé, qui n'a plus la force d'assouvir tous ses fantasmes impossibles à avouer.
Cet amour tordu, marqué de rencontres malmenées dans ces lieux clandestins, où domination et soumission deviennent des attentes érotiques, donnant naissance à une œuvre provocatrice, qui s'impose malgré tout, par l'exposition captivante de cette différence d'âge entre Romy et Samuel.
L'aventure de sa plénitude sexuelle remet en question son image publique et personnelle. Cette liberté morale, dans l'absolu, bouleverse son monde, sa collaboratrice Esma (Sophie Wilde), qui veut continuer à la voir comme un modèle de femme forte, maîtresse de sa vie, face à ses paradoxes qui divisent et qui posent cette question : qui contrôle qui ?