Erratic movie
Contrairement à ce que laissent supposer les arguments développés lors de la promotion du film, orchestrée principalement autour de la présence symbolique et dénudée de Nicole Kidman, Babygirl n’est...
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le 15 janv. 2025
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Qui mieux qu’une réalisatrice pour diriger d’une main experte une actrice dans un rôle pas si subversif que celui-ci. Nicole Kidman y incarne une Romy, sorte d’Emma Bovary du XX et unième siècle. Tout pour être heureuse en apparence seulement. Elle a le pouvoir au sein de son entreprise de robotisation ouiii. Mais la femme ne jouit pas sur commande et l’orgasme ne survient pas chez elle de manière robotisée. Il lui en faut plus. Aimer parfois empêche de jouir avec son partenaire, en l’occurrence son mari (Antonio Banderas), attentionné semble-t-il et toujours prêt à la désirer, encore et plus que jamais au bout de 19 ans de mariage, sans trop se poser de questions. D’emblée on voit Romy/Nicole sortir du lit juste après une relation sexuelle conjugale, afin de «terminer », excusez du cru, à sa manière, l’extase que l’excitation du rapport a procuré en elle. Elle va rencontrer par hasard un jeune homme, qui évitera le pire, en réussissant à dompter et ramener vers lui une chienne à laquelle il tend un biscuit. Nicole, d’instinct, est subjuguée par cet homme qu’elle va croiser parmi les stagiaires se présentant au sein de son entreprise. Un regard énigmatique échangé entre eux en dit long ainsi que la question directe de sa part à lui. Le tour est joué et notre Romy sent en lui, une réponse à ses attirances pour une certaine soumission sexuelle. Ce n’est plus elle qui détient le pouvoir et c’est lui qui va mener la danse. Le couple ainsi formé va s’adonner à des jeux sexuels plus ou moins consentis. Eh oui, notre Romy, semble effrayée de ce que cette relation va déclencher en elle. Peu importe si elle prend des risques considérables de nouer une relation avec un stagiaire employé sous ses ordres, son désir enfoui, d’autre chose, l’envahît, et lui fait perdre le contrôle certes, mais lui fait découvrir une part insoupçonnée d’elle même la menant à tous les coups à l’orgasme. C’est donc de cela qu’il s’agit. Oui, une femme peut avoir un certain plaisir avec son mari ou compagnon de presque 20 ans, sans connaître la si délicieuse « petite mort », d’autant plus, que pour y parvenir, Romy a besoin de certaines pratiques sado-masochistes. Il mène la danse, ce subalterne, et à tout pouvoir sur elle. Il l’a tient, par le sexe et il en use, en abuse, lui demandant d’être sa «chienne», celle qu’on calme ou excite jusqu’à la faire ramper et lécher le biscuit dans sa main, laper le lait, dans une assiette, à terre, quitte à devoir se mettre à quatre pattes et supplier. Il joue, s’amuse avec elle. Quelques moments de tendresse lorsqu’il l’a prend dans ses bras, lui enlassant les épaules, au lit visage contre visage lui confiant je ne sais pas si je suis quelqu’un de fréquentable et tu ne sais rien de moi, de qui se cache derrière moi, ou lorsqu’il la porte, comme une petite fille et lui dit « tu es ma Babygirl », non sans l’avoir obligée à se dénuder, à s’offrir dans ce qu’elle a de plus intime, la convaincant de sa beauté et jeunisme. Parce qu’il est là le problème de Romy : assouvir ses fantasmes remontant à sa puberté. Le thriller tient au fait qu’il s’immisce à deux reprises chez elle, violant sa vie familiale et en même temps le fameux contrat entre eux: personne ne doit savoir, ni au travail, ni au sein de son couple et sa famille qu’elle tient à préserver. Seulement voilà lui on ne sait pas trop ce qu’il veut: 1) la posséder et la déstabiliser ? 2) jouer avec elle, lui prendre le pouvoir la menaçant de tout révéler au DRH ? Et en même temps lui faire perdre son emploi 3) Il noue une relation avec une femme sous les ordres de Romy à laquelle il a tout révélé et cette dernière en profite pour réclamer son augmentation depuis un moment souhaitée, menaçant à son tour, de révéler le côté sombre de sa supérieure hiérarchique. Relation sexuelle torride et toxique. Romy n’en peut plus et décide de tout révéler à son mari, tentant de lui ouvrir les yeux sur sa véritable personnalité et son aventure (D’un soir, lui dit-elle), ses fantasmes et ce qui l’habite depuis toute petite. Le mari réagit comme un véritable macho et la rejette ! Le couple implose et se sépare. Le summum est lorsque le stagiaire débarque chez elle, après cette mise au point et séparation du couple. Il nage dans leur piscine, l’attire à lui et les voilà qui retombent dans les bras l’un de l’autre, attirés comme des aimants et brûlant du même désir. Surpris par le mari, revenu à l’improviste, éclate une bagarre entre les deux hommes, Romy tentant inutilement de les séparer. Ensuite moment d’acalmie, durant lequel, le mari a tout faux à propos de sa femme. L’amant est la pour le lui rappeler ! Son intervention semble terminée et il s’en va. Le final reste à l’appréciation. Pour continuer à être heureux en couple, faut-il tout révéler ? En tous les cas, rien ne sert de jouer un rôle et de bercer d’illusions son compagnon. Il est nécessaire de parler de tout et même de sexualité. Nicole Kidman a été à juste titre récompensée pour son interprétation ainsi que le film. Ambiguïté de la sexualité conjugale, dualité, fantasme, orgasme et pouvoir au féminin y sont très bien suggérés et même avec crudité, d’où l’interdiction aux - de 12 ans. L’on sent bien que le film a été écrit et réalisé par une femme. Je ne comprends pas le mépris à l’égard de ce film. D’autant plus que l’ambiance et la BO du film sont une réussite, Je pense au passage en boîte où Romy va découvrir son amant sous un autre angle, une partie de lui-même qu’elle ne connaît pas puisque le duo se retrouve quasiment tout le temps à huis clos. Le duo Nicole Kidman/ Antonio Banderas, Femme/mari fonctionne bien. Le duo Harris Dickinson/Kidman, amant et femme, également. Ils sont plausibles malgré la différence d’âge.
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