Une grande lettre d'amour au cinéma, enivrant à l'excès !

Damien Chazelle nous revient après "First Man". Couronné avec son frappant "Whiplash" et son hommage "La La Land", le revoilà avec un projet qu'il murit depuis longtemps pour nous parler de l'hollywood des années 20, du passage au parlant, à ses illusions brisées et sa grande fabrique à rêves. Projet pharaonique ou ruine titanesque ?

"Babylon" ouvre 2023 avec fracas et excès tant il nous submerge, et merci ! Voilà un film fou avec un parti pris qui laissera des spectateurs en dehors, mais qui se trouve d'un amour bouillonnant !

Le métrage est d'une grande maîtrise visuelle, où Damien Chazelle nous déborde dès son ouverture dans une soirée/orgie comme il y en avait à cette époque, et où la caméra va tenter de capter le moindre mouvement dans ce chaos ambiant, et le spectateur va essayer de faire de même. Et pendant tout le métrage, le réalisateur va s'atteler à nous emporter dans cette grande machine qu'est Hollywood, mais surtout comme une broyeuse, qui dévore tout et tout le monde !

Et c'est au détour de travellings dynamiques, de plans larges calibrés et de cette cacophonie ambiante, que le métrage arrive à capter la beauté de moments éphémères, comme un papillon qui se pose poétiquement dans l'une des plus belles scènes du film. Et la beauté est aussi mise en avant que la désillusion qui va découler d'un changement majeur du cinéma : la fin des films muets. Car au travers des excès, le film met également en avant la désillusion. A l'image d'une scène d'enrregristrement d'une grammaire visuellement riche, allant de l'émerveillement de cette avancée technologique, à la désillusion et l'angoisse qu'elle augure pour beaucoup. Une richesse dans la mise en scène qui nous frappe !

Si le métrage est visuellement déraisonnable comme impressionnant. Le récit est tout aussi réussi ! On le comprend rapidement, le scénario se pose non seulement sur l'industrie de l'époque, mais surtout sur ses idoles oubliées, comme le personnage parfaitement interprété par Brad Pitt, inspiré par un véritable acteur star du muet. Tous les personnages sont des hommages à des acteurs et icônes oubliés, et sur cette époque qui a dû se tourner vers des changements profonds.

Le métrage rend hommage à beaucoup de films déjà existants (coucou "Chantons sous la pluie"), il arrive parfaitement à se faire le reflet d'une époque. Le cinéma et la morale, les femmes et le cinéma (oui, il y avait bien des femmes qui réalisaient à cette époque.)... Et oscillant entre véritables personnages et fiction pure. Un mélange qui fonctionne tant les personnages sont universels, et le sujet d'une pureté intemporelle.

L'histoire est portée par une flopée d'acteurs/actrices flamboyants à l'image du film. Avec un Brad Pitt touchant, avec un arc narratif puissant ; une Margot Robbie parfaite en jeune star à l'ambition dévorante ; un Diego Calva juste bouleversant dans ce rôle d'un jeune hispano-américain qui va gravir toutes les marches de cette industrie. Le cast principal possède une grande force, tant chacune apporte émotions et rires à chaque instant. Le tout avec un cast secondaire solide !

En conclusion, "Babylon" est une réussite totale, un film bruyant, souvent excessif, et même si c'est parfois un peu vain, et un peu inégal dans sa narration. Le film nous procure un tel plaisir qu'on lui pardonne ses défauts. Une grande lettre d'amour au cinéma, qu'il faut expérimenter impérativement !