Réunir Bard Pitt et Margot Robbie dans la grande encyclopédie de l'histoire du cinéma portée à l'écran, renvoie forcément à Once upon A time in Hollywood de QT, avec évidemment en point d'orgue une scène ( bien plus réussie chez Tarantino) dans laquelle la caméra accompagne Margot dans un cinéma pour assister à la projection d'un de ses films .
Pourtant, la comparaison entre les deux films s'arrête là ; autant Once upon ... était patiné d'une nostalgique ambiance seventies, autant le film de Chazelle est ancré dans son époque (la nôtre), les anachronismes y sont nombreux, les tempéraments des personnages très actuels, l'étude de moeurs est probablement plus celle des années 2020 que 1920. Mais dans la première partie (au moins) de Babylone, cet anachronisme n'est aucunement gênant.
Au contraire, même, de la longue scène d'ouverture, qui permet de présenter tous les personnages au milieu de la fureur colorée d'une grande fête hollywoodienne étourdissante au possible jusqu'aux premiers développements, colorés, tout est parfait, éblouissant même.
Margot Robbie (Nellie LaRoy) en jeune première prête à tout pour trouver sa place dans un univers d'outrance et de démesure, Diego Calva, jeune premier également, qui saura se rendre indispensable et Brad Pitt, charismatique à souhaits, sont parfaits. La caméra virevolte, colle aux personnages à la manière de celle de Scorsese dans ses grandes années. Babylon est durant près de deux heures un tourbillon permanent, un très grand film que ma pour ma part je n'attendais pas de la part de Chazelle.
Les cadres sont d'une grande richesse dans leur composition, la narration, fluide au possible nous transporte de situation en situation, toutes plus loufoques les unes que les autres, rendant un hommage émouvant aux balbutiements de l'industrie du cinéma
Et puis, comme souvent chez le jeune réalisateur vient le temps de la déchéance, cette lente désillusion qui obsède son cinéma qui pèse inéluctablement sur ses personnages et qui, ici voit les deux stars du muet sombrer dans les abymes du cinéma parlant.
Sur ce sujet maintes et maintes fois rebattu, le récit perd peu à peu de sa fougue, la décadence des stars s'accompagne de très longs moments de nostalgie, parfois morbides qui s'étireront lentement jusqu'à la fin dans un mouvement assez laborieux. Quel dommage !