Adulé par certains, détesté par d'autres : je dois reconnaître que je ne savais pas trop à quoi m'attendre en regardant ce « Bad Lieutenant » du si controversé Abel Ferrara. Toutefois, c'est rapidement du côté positif que la balance penche tant on ne peut être qu'impressionné par la personnalité que met Ferrara dans sa mise en scène, nous offrant qui plus est l'un des personnages les plus troublants et les plus fiévreux des années 90, magistralement interprété par un Harvey Keitel dans une de ses prestations dont il a le secret. Provocateur, violent et même assez malsain, « Bad Lieutenant » n'y va ainsi pas avec le dos de la cuillère et nous réserve quelques scènes particulièrement marquantes, à l'image de cette hallucinante apparition du Christ lui-même. Mais alors pourquoi Ferrara se perd t-il de la sorte dans la dernière demie-heure, le scénario déjà presque prétexte à une incroyable (et perpétuelle) descente aux Enfers d'un homme ne faisant alors même plus semblant de raconter quelque chose, nous laissant ainsi totalement seuls pour essayer de comprendre les raisonnements (bien tordus, inutile de le préciser) du lieutenant, si bien que la claque promise par la première heure vient (presque) à tomber à l'eau par la faute de ce dernier tiers fort décevant... Reste qu'il n'est pas si courant d'assister à des expériences aussi redoutables que celles proposées par ce « Bad Lieutenant », et c'est pourquoi il demeure résolument fréquentable, ne serait-ce que pour se faire sa propre opinion.