Il est des sujets centraux pour les faiseurs de nouvelles, les écrivaillons et chiens de garde de toutes sortes ; ils sont ceux que dictent la main qui paye. Voyez la pollution visuelle et sonore infligé par toutes les armes possibles à nos contemporain, vous saurez immédiatement ce que veut le payeur. Nous n'en parlerons pas ; au point où en sont les choses, c'est d'un exorciste dont nous avons besoin.
Dans la horde des signataires des ces torchons variés, les artistaillons tiennent une place de choix. Les plus vils d’entre eux vendent leur plume aux plus atroces motivations, sachant qu'en qualité de scribe de garde, quelle que soit la qualité de leurs gribouillages, de frauduleux lauriers coifferont leurs médiocre caboches. Il fut un temps, lointain, où les mœurs modernes étaient dépeintes différemment ; où d'authentiques artistes, valables, race disparue, égratignaient les types d'hommes que l'époque enfantait. Voyez Molière, qui abîmait sublimement les gens de son temps. Ou même le théâtre de boulevard, bourgeois et populaire, le vaudeville, Feydeau et consorts, qui ont accouché d'authentique chefs-d’œuvre. Le cinéma même, industrie, art de masse, a produit certaines excellentes pièces, prouvant que le médium n'est pas tout, et que le pinceau de l'artiste seul détient la flamme.
Ce temps semble révolu.
L'époque étouffe les paroles, uniformise avec une force que nombre tyrans n'auraient pas oser rêver, avec, c'est la particularité de notre temps, une envahissante médiocrité venant souiller tout espace vierge. Il en ressort ce type de produit lamentable et navrant.
Je veux ce papier court, mon temps étant trop précieux pour m'attarder à tirer sur l'ambulance : hâtons-nous de plonger au fond de la poubelle en quelques lignes, moquons-nous, pour ressortir prestement de cette nullité insensée.
Je passe sur le vernis faussement subversif et le ton rebelle que le film singe. Symptôme typique de notre société du spectacle tardive. L'effet, raté, est des plus pitoyables, au point que des enfants même ne goberaient pas le récit contre-initiatique remâché et désorienté pondu par ces tristes scénaristes.
Quelques évolutions de personnages pourtant surnagent dans l'océan de boue, et parviennent à sortir de la doxa imposée par les studios. Je pense à Ken, l'homme objet, qui découvrira dans son aventure que dans notre monde, les hommes ne sont pas des pots de fleurs. Dans un détournement sympathique de la narration officielle touchant à l'émancipation des femmes modernes, ce Ken reviendra en héros apporter la bonne parole du patriarcat à ses congénères, toujours esclaves de leurs situation humiliante à Barbie-Land. Barbie ne sait d'ailleurs pas où dorment les Kens. Cela finit en queue de poisson, bien sûr, et déçoit. L'originalité de cette situation devait s'écraser face au cahier des charges du payeur ; restons surpris que des faiseurs singeurs aient intégré cet arc narratif à leur produit.
Le film ne prend aucune direction. C'est verbeux, trop, et dogmatique.
Typiquement, les faiseurs ne savent pas de quoi ils parlent, et naturellement ils ne savent pas comment le dire. Il en résulte un imbroglio démonesque d'inepties, de contre-sens, d'absurdes, lamentables et pitoyables dialogues.
Le scénario se fait de plus en plus léger à mesure que le film avance ; lui qui n'était déjà pas très lourd. Les points qui font mouches, qui touchent à notre réalité sociale, sont étouffés rapidement ; les rares idées intéressantes sont inexploitées, et même sacrifiées sur l'hôtel de l'idéologie. L'exemple de l'adolescente rebelle en colère contre ce que représente Barbie, et dont l'argumentaire est légitime, qui deviendra sa plus grande admiratrice dans la dictature vaginocratique de Barbie-Land.
La bobine s'écrase toute seule, ploie sur le poids de ses contradictions, macère dans ses indécisions, fruits pourris d'un cahier des charges intrinsèquement pervers.
A Minima espérais-je un certain plaisir visuel face aux images des faiseurs professionnels, des artisans de l'écran pullulant en Hollywood. Il n'en fut rien. Le thème central du joujou sériel permettait bien certaines fantaisies pourtant. Les imagiers se sont limités à inclure quelques timides effets cartoonesques, et rien de plus.
Une ordure de plus dans la déchetterie du cinéma, morbleu.