Le dernier Inarritu est donc sorti sur Netflix, dans une relative indifférence. Ce qui n’est pas étonnant quand on voit le contenu, qui ne plaira clairement pas à tous…
Inarritu livre ici une sorte de bilan semi-autobiographique. Il se focalise sur Silverio, un documentariste mexicain clairement calqué sur lui-même. Après des années passées aux USA, Silverio revient dans son pays, alors qu’il va être le premier latino-américain à recevoir un prestigieux prix journalistique états-unien. L’occasion pour lui de réfléchir à de nombreux points.
Je vais le dire d’emblée : c’est beau mais c’est long, tendance prétentieux.
La mise en scène est simplement magnifique. Une très belle photographie, jouant régulièrement avec des lentilles anamorphiques. Des plans séquences millimétrés. Et des idées oniriques aussi déjantées qu’inspirées.
Le scénario, c’est une autre paire de manche. Le bilan dressé par Silverio/Inarritu est un prétexte pour aborder des thèmes très variés : relation USA/Mexique, histoire passée et présente du Mexique, identité culturelle, migration, hypocrisie des médias, deuil parental, relation avec les parents, etc. Une sorte de fourre-tout de ce qui doit traîner dans la tête du réalisateur/scénariste, certaines scènes sentant clairement le vécu.
Le hic c’est que tout ceci nous est envoyé à la figure par des scénettes aux dialogues frontaux, qui tranchent avec la subtilité de la mise en scène. Et ces scénettes n’ont pas grand impact sur le récit… qui est par ailleurs très diffus, la trame n’ayant pas vraiment d’enjeu. La moitié des 2h40 aurait sans doute pu être coupée sans que cela ne nuise au propos. On a surtout l’impression qu’Inarritu se parle à lui-même. A l’image de cette séquence méta où son protagoniste répond à une critique crue que fait un confrère sur son documentaire, tentative grossière de désamorcer les futures critiques envers « Bardo ».
« Bardo » qui est donc un très beau film, bourré de sujets intéressants, mais guère palpitant, et très autocentré.