Ce Baron Blood, un film dans lequel il n’y a nulle trace de vampires, donc la traduction française est trompeuse, est un Mario Bava mineur. Faute à une direction d’acteurs, qui même si elle n’a pas toujours était obligatoirement l’apanage du maestro apparaît ici comme étant l’un des très gros défauts du film. Les interprètes, la belle Elke Sommer en tête, dont le regard suffit à électriser le spectateur le plus distant, Massimo Girotti, Antonio Cantafora et Rada Rassimov, semblent réciter leur texte sans réelle implication. Reste la présence de Joseph Cotten dans le rôle du baron du titre original qui s’en tire plutôt bien.
Le script est très sommaire et sans grand intérêt. La musique pourtant signée du grand Stelvio Cipriani est très peu inspirée. Reste la maestria du grand réalisateur de La Baie Sanglante et de Six Femmes pour l’Assassin, pour nous rappeler que le cinéma ce n’est pas seulement une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire, comme le disait mégot au bec et sans grande inspiration le Vieux Jean. Car à chaque fois que les voix se taisent et que la magie opératique de la caméra Bavienne reprend ses droits, là, ça ne rigole plus.
Réalisé dans la foulée de l’excellent La Baie Sanglante, ce Baron Blood, a un côté anachronique, tentant de mêler le gothisme cher à Bava et la modernité des années 70, faite de maquillages clinquants, de tenues vestimentaires qui furent ce qu’elles furent, et d’éléments sous-jacent invasifs, comme ce distributeur de coca implanté dans une salle du château. Seulement, faute à un scénario, qu’un Bava qui ne semble pas vraiment impliqué, suit à la lettre, et un apparent désintérêt pour les idées qui peuvent en découler, je pense à la scène de la fillette à bicyclette, qui malgré qu’elle semble être un clin d’œil aux chérubins de La Baie Sanglante, est totalement ridicule et lui complique la tâche, pour le peu de crédibilité qu’il reste à l’ensemble de son œuvre.
Perdu entre deux époques, ce qui en soit aurait pu être intéressant, si la direction d’interprètes avait était plus appliquée, et que le scénario eut été à la hauteur de ce grand directeur de la photographie que fut Mario Bava, comme il avait subtilement réussi à le faire dans son chef d’œuvre, à mes yeux, Six Femmes pour L’Assassin, ce Baron Blood prête à sourire. Néanmoins quand la magie opératique de la caméra du maestro distille quelques trouvailles visuelles loin d’être dénuées d’intérêt, on reste admiratif de la patte unique de ce réalisateur/directeur de la photo de génie.