Baron vampire
5.8
Baron vampire

Film de Mario Bava (1972)

Ce Baron Blood, un film dans lequel il n’y a nulle trace de vampires, donc la traduction française est trompeuse, est un Mario Bava mineur. Faute à une direction d’acteurs, qui même si elle n’a pas toujours était obligatoirement l’apanage du maestro apparaît ici comme étant l’un des très gros défauts du film. Les interprètes, la belle Elke Sommer en tête, dont le regard suffit à électriser le spectateur le plus distant, Massimo Girotti, Antonio Cantafora et Rada Rassimov, semblent réciter leur texte sans réelle implication. Reste la présence de Joseph Cotten dans le rôle du baron du titre original qui s’en tire plutôt bien.

Le script est très sommaire et sans grand intérêt. La musique pourtant signée du grand Stelvio Cipriani est très peu inspirée. Reste la maestria du grand réalisateur de La Baie Sanglante et de Six Femmes pour l’Assassin, pour nous rappeler que le cinéma ce n’est pas seulement une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire, comme le disait mégot au bec et sans grande inspiration le Vieux Jean. Car à chaque fois que les voix se taisent et que la magie opératique de la caméra Bavienne reprend ses droits, là, ça ne rigole plus.

Réalisé dans la foulée de l’excellent La Baie Sanglante, ce Baron Blood, a un côté anachronique, tentant de mêler le gothisme cher à Bava et la modernité des années 70, faite de maquillages clinquants, de tenues vestimentaires qui furent ce qu’elles furent, et d’éléments sous-jacent invasifs, comme ce distributeur de coca implanté dans une salle du château. Seulement, faute à un scénario, qu’un Bava qui ne semble pas vraiment impliqué, suit à la lettre, et un apparent désintérêt pour les idées qui peuvent en découler, je pense à la scène de la fillette à bicyclette, qui malgré qu’elle semble être un clin d’œil aux chérubins de La Baie Sanglante, est totalement ridicule et lui complique la tâche, pour le peu de crédibilité qu’il reste à l’ensemble de son œuvre.

Perdu entre deux époques, ce qui en soit aurait pu être intéressant, si la direction d’interprètes avait était plus appliquée, et que le scénario eut été à la hauteur de ce grand directeur de la photographie que fut Mario Bava, comme il avait subtilement réussi à le faire dans son chef d’œuvre, à mes yeux, Six Femmes pour L’Assassin, ce Baron Blood prête à sourire. Néanmoins quand la magie opératique de la caméra du maestro distille quelques trouvailles visuelles loin d’être dénuées d’intérêt, on reste admiratif de la patte unique de ce réalisateur/directeur de la photo de génie.

Créée

le 25 nov. 2023

Critique lue 21 fois

1 j'aime

Critique lue 21 fois

1

D'autres avis sur Baron vampire

Baron vampire
candygirl_
6

Le fantôme de l'apéro

Je ne m'attendais pas à être aussi conquise par Baron Vampire, œuvre considérée comme mineure dans la filmographie de Mario Bava avec son scénario ultra référencé et rédigé sur un bout de nappe par...

le 25 oct. 2023

8 j'aime

7

Baron vampire
AMCHI
3

Critique de Baron vampire par AMCHI

Un jeune homme ressuscite son ancêtre qui fut un horrible vampire, le tout se déroulant dans le cadre d'un vieux château qui donne une atmosphère gothique à ce film mais si Bava parvient par moment...

le 22 sept. 2020

6 j'aime

11

Baron vampire
Play-It-Again-Seb
6

Un Château hors du temps

Avant de clôturer l’année suivante avec Lisa et le Diable sa série consacrée au cinéma gothique, Mario Bava tente avec Baron vampire un pari audacieux. Plutôt que de situer son intrigue dans les...

le 7 mars 2024

5 j'aime

6

Du même critique

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

19 j'aime

2

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5