Pour être honnête, si je n’avais pas entendu d’aussi bons retours, je ne serais jamais allé voir ce « Barry Seal ».
Titre standard, affiche standard, pitch standard… et surtout Tom Cruise.
Alors c’est vrai qu’avec Tom Cruise j’ai rarement été déçu.
Même si la plupart de ses productions se résument souvent à de simples prétextes pour le mettre en valeur, je me dois quand même bien de reconnaître que la plupart du temps j’ai trouvé derrière ça des films qui savaient (presque toujours) respecter un certain niveau d’exigence.
Donc oui, je me suis risqué à ce « Barry Seal », et le moins que je puisse dire c’est : « woh ! »
J’avoue, un tel niveau, ça m’a surpris.
L’air de rien ce n’était pas évident de faire un film qui se démarque à ce point avec un postulat de départ comme celui-là.
Pourtant force est de constater que ce film m’a mis une claque, et cela dès les premières minutes.
A dire vrai, la grande force de ce « Barry Seal » vient du grand savoir-faire de Doug Liman à sans cesse adapter son rythme, sa forme et son intrigue en fonction des conventions du genre de passages qu’il aborde.
Quand le passage abordé est un classique – qu’il a été vu cent fois – il l’expédie très vite avec un montage très serré.
Quand par contre l’intrigue aborde un aspect un peu plus singulier – quelque-chose qui est davantage propre au film et qui va poser sa patte – Doug Liman s’y attarde davantage et s’efforce de développer au mieux.
Cette respiration malicieuse et assez régulière donne une véritable pêche au film, et ce n’est vraiment pas anodin.
Parce que oui, cette science du rythme rentre parfaitement en adéquation avec le fond développé par ce film.
Barry Seal nous est clairement présenté comme un gars qui est prêt à n’importe quelte aventure tant que ça paye. Il ne pose pas trop de questions sur les risques à long terme. Il pense en temps court et aux gains immédiats.
Or, c’est clairement la philosophie de ce film. Ne pas se poser de question et partir à l’aventure tant que ça paye.
On se retrouve ainsi avec une peinture du monde un peu folle, d’autant plus folle que les choses s’enchainent parfois tellement vite qu’elles en perdent tout leur sens. Reste ce qu’en perçoit Barry Seal : quelque-chose qui n’a pas de sens mais qui rapporte.
Pour le coup, cela développe vraiment une atmosphère à la « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » voire à la « Forrest Gump » . On voit le monde au travers du filtre simpliste du personnage central, si bien que tout cet enchainement d’événements – pourtant réels – parait totalement fou et un brin absurde.
Et là – franchement – chapeau !
Parce que pour le coup je trouve que le film parvient vraiment à saisir l’esprit de son époque, et qu’il le fait de manière vraiment jouissive.
Tous les choix formels opérés dans ce film fonctionnent : du montage à la photographie ; de l’intervention de drôles de dessins explicatifs à de véritables scènes nerveuses assez enlevées.
Et là, ça marche d’autant mieux que Tom Cruise n’est clairement pas en mode poseur « good guy ».
Là, il incarne vraiment bien le gars un peu jouisseur décérébré, et je trouve que ça marche tout du long.
Même chose pour Domhnall Gleeson qui développe un personnage secondaire qui répond parfaitement bien à ce qu’est le personnage de Barry Seal.
Non, décidément non, je n’ai pas grand-chose à reprocher à ce film.
Certes c’est un film qui s’appuie sur le schéma très connu d’un « rise and fall » scorcésien tout ce qu’il y a de plus classique, mais ça marche très bien, à l’adrénaline comme à l’absurde.
Très bon cocktail pour Tom Cruise (ho ! ho !) et Doug Liman qui signent donc là l’une des plus belles surprises de l’année 2017…