Gotham isn't beyond saving.
Non mais Batman, quoi.
Nolan était déjà un excellent réalisateur. Il pouvait se casser la gueule en se lançant dans le film de superhéros - et pas n'importe quel superhéros, le seul sans superpouvoirs, le plus sombre, le plus tourmenté, celui avec les meilleurs ennemis, et un superhéros avec un passif cinématographique déjà lourd. Résultat ? Nolan a relevé la saga Batman avec brio et s'autorise carrément à revenir à la génèse de Batman.
On retrouve donc un Bruce Wayne adulte, un peu paumé, essayant de trouver sa voie dans la vie : diriger les affaires de papa, pas trop envie. De toute manière, son papa a été victime de la racaille de Gotham City. Pourquoi retourner dans cette ville pourrie jusqu'aux égouts ? Une prison mongole vaut déjà mieux. Alors Bruce réalise peu à peu qu'il peut être utile pour rendre le monde meilleur. Et ainsi nâquit Batman.
Ce premier film conte donc à la fois la naissance du superhéros mais aussi son premier affrontement avec une menace pour Gotham. C'est l'alliance de ces deux histoires qui est intéressante. Dans le Batman de Tim Burton, on avait déjà quelques traces du personnage de Nolan : un beau gosse fêtard, richissime, qui change de costume la nuit. Mais avec Burton on est jamais réellement dans l'introspection ; ici, Nolan capte la quintessence (mot intelligent à foutre dans une critique) du personnage, le pourquoi du comment, le comment, le pourquoi, le qui, le quoi, et fout le Bruce qui se transforme sous nos yeux en Batman dans les pattes de quelques méchants.
Le film est donc sombre, scénaristiquement, visuellement aussi. Christian Bale (my personal favorite) est étincelant en Bruce Wayne : il est cet homme de société charmeur et un brin stupide, et un gentil qui peut se montrer très méchant un fois dans son costume. Il arrive à déployer tout ce qui fait Batman : de l'action, un peu de rires, du sérieux, du drame parfois, de la séduction... un peu à la façon de Casino Royale, on assiste à la naissance d'un grand personnage, comment il se forge, avec le même charme et la même poigne. Il fallait au moins 2h20 à Nolan pour raconter correctement toute cette histoire.
Visuellement et directorialement (sic), le film est presque parfait, donc, et porté par la musique de Zimmer (un poil répétitif comme compositeur mais dans le film, ça colle parfaitement). Sombre mais pas déprimant, violent mais pas sanglant, dramatique par moments mais pas larmoyant, Nolan réussit son pari. Et enchaîne avec un The Dark Knight tout aussi bon : mais cette fois, le méchant est bien à la hauteur du gentil. Voire plus.