Pas évident de reprendre en main toute une franchise, surtout aussi populaire que celle de Batman, malgré le plantage intégral précédent (voir par ailleurs). Attendu au tournant par des milliers de fans à travers le monde, critiqué pour sa relative inexpérience (deux films seulement au compteur) Christopher Nolan a su brillamment relever le défi, ramenant la saga du chevalier noir vers des terres plus hospitalières.
Pour ce faire, son postulat de départ est simple : réécrire la genèse de l'homme chauve souris, jusque là tout juste effleurée par Burton, et montrer le long chemin du statut d'homme à celui de symbole. S'appuyant pour se faire sur un solide corpus d'oeuvres pré-existante, Nolan a à coeur de ne pas se mettre les fans à dos. Il choisit donc de jouer la carte du réalisme le plus absolu, par oppositions aux excentricités gothiques de Burton et aux délires visuels de Schumacher.
Prenant quelques libertés avec le matériel de base, il offre néanmoins une plongée captivante dans l'univers du chevalier noir, du traumatisme qui l'a modelé à son long cheminement de justicier. Plus sombre que ses deux prédécesseurs, mais aussi plus complexe, ce film ne peut se détacher de ses deux suites, s'intégrant en plein au coeur d'une trilogie qui a pour but d'explorer la frontière entre le bien et le mal, entre la nécessité et la justice, entre la légitimité et la raison.
S'entourant d"une galerie de personnages secondaires issu de la BD, explorant des territoires souvent laissés en friche par les réalisateurs précédents, Nolan concentre son film sur la personnalité de son héros, testant son discours, ses méthodes et ses convictions à l'aune de celles d'individus parfois moins recommandables. Il offre ainsi aux fans du héros une image enfin représentative de l'univers créé par Bob Kane : un homme sombre, complexe et torturé. Une vision qui prendra toute son ampleur avec sa suite...