Qu’on l’apprécie ou pas, Nolan a su se rendre identifiable au premier coup d’oeil. Un style froid, précis, contrôlé. Une caméra fixe, même quand elle est en mouvement, ne laissant rien au hasard, aucune place à l’imprévu. Une narration qui s’attache à rester hors des personnages. Sa "trilogie du Chevalier Noir", comme on aime parfois la nommer de façon un peu pompeuse, porte, elle aussi, le (sur)poids de ce style de cinéma. Mais en réalité, le Batman nolanien ne compte que les deux derniers films. Ceux qui compte l’expression "The Dark Knight" dans le titre. En effet, si l’on le visionne à l’aune de ces deux films, "Batman begins" ne ressemble pas à un film de Nolan. Il ressemble à un basique et impersonnel Blockbuster, au sein duquel Nolan ne serait qu’un simple exécutant. Une mise en scène ennuyeuse, un montage sur-découpé pendant les scènes d’actions, des personnages oubliables et un humour bas du front. Un Blockbuster, on vous dit. La question qui vient alors à se poser est la suivante : "Pourquoi ?". Pourquoi passer, au sein d’une même franchise, d’un style passe-partout à un style parfaitement identifiable et identifié ? Pourquoi prendre le parti d’installer Batman dans un Gotham City humide, poisseux et familier pour le transposer ensuite dans un environnement particulièrement "réel" et faire de Gotham City n’importe quelle ville américaine ? Une réponse possible serait la suivante : Nolan a été contraint de faire ses preuves auprès des financiers afin de pouvoir jouir pour les films suivants d’une (presque ?) totale liberté créative. "Batman begins" aurait été une sorte de test pour se voir ouvrir les portes du monde des Blockbusters. Il semble que l’examen d’entrée ait été un succès, car "Batman begins" reste à ce jour le seul film de Nolan qui ne puisse être identifié comme tel. Tant mieux pour lui.