Sous la contrainte
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Bayan Ko (que l'on peut littéralement traduire par "mon pays" ou "ma patrie") est à l'origine une chanson composée en 1928 par Constancio de Guzman sur des paroles du poète José Corazón de Jesús et qui exprime le désir d'indépendance du peuple philippin face à l'occupation américaine de l'époque. Enregistrée des dizaines de fois par différents artistes, la chanson devint l'hymne du "Pouvoir Populaire", nouvelle nation démocratique créée par le peuple en 1978 et opposée à l'autoritarisme du dictateur Ferdinand Marcos, Président de l'archipel philippin depuis 1965.
Véritable tableau de la vie aux Philippines du début des années 1980, essentiellement subventionné par un soutien français (la productrice césarisée Véra Belmont s'est largement impliquée dans cette difficile aventure), Bayan Ko narre la déchéance d'un jeune homme de condition modeste qui se voit contraint, face aux dures réalités du monde moderne, à sombrer dans l'illégalité. Mais bien au-delà de la toile de fond, c'est un film à message politique que propose Lino Brocka, cinéaste engagé et forcément guère apprécié des autorités de son pays. Tourné clandestinement, souvent à l'arrache, l’œuvre entremêle habilement réalité et fiction pour dresser le constat sans compromis d'un pays où sévit déclin économique, corruption et interdictions à faire valoir ses droits en tant que citoyens.
Exécuté comme un polar avec ses voyous, sa vie nocturne, ses clubs de strip-teases et autres règlements de comptes sous l'égide de la violence, le métrage se développe également telle une œuvre sociale et familiale, où l'ombre de la politique menée dans le pays ne cesse d'influer sur le comportement des protagonistes incarnés par des comédiens tout simplement exceptionnels, surtout lorsque l'on connaît les difficiles conditions du tournage.
Œuvre officiellement sélectionnée à Cannes en 1984, les bobines ont été clandestinement envoyées depuis les Philippines au compte-gouttes, enfouies dans de nombreux bagages. S'inclinant finalement devant Paris, Texas qui remporta la Palme d'or, Bayan Ko disparut peu à peu de la circulation cinématographique avant de se voir ressuscité par l'éditeur Le Chat Qui Fume qui le restaura en UHD et distribua le Blu-ray en exclusivité mondiale. Un travail d'orfèvre plus que bienvenu pour un film ouvertement engagé et dont le sujet fiévreux n'est pas si éloigné du contexte actuel en France.
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Créée
le 23 juil. 2023
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