Becket
7
Becket

Film de Peter Glenville (1964)

Théâtre filmé à grand budget

Malgré sa démesure hollywoodienne, ce film reste cependant, de façon évidente, une pièce de théâtre (adaptation d’Anouilh). Les décors ont beau être spectaculaires, on a toujours l’impression d’être devant une scène : l’action n’avance que par les dialogues, et les personnages ne se taisent jamais. Ce n’est pas du cinéma.

Mais la pièce passe-t-elle la rampe ? Elle repose souvent sur des antithèses quelque peu simplistes et sans cesse répétées, tout particulièrement l’opposition entre Saxons et Normands. La conversion de Beckett elle aussi est représentée sans nuance : on aurait pu montrer parfois l’archevêque moins dévoué à la religion que désireux d’augmenter son nouveau pouvoir.

Reste la performance des acteurs. Richard Burton est très décevant, compassé et sans nuance à partir du moment où son personnage découvre sa vocation religieuse. Il semble avoir confondu avoir l’air inspiré et avoir l’air constipé.

Quant à Peter O’Toole, il surjoue souvent, dans une performance encore une fois plus théâtrale que cinématographique, mais il reste néanmoins impressionnant, et parvient à camper un personnage complexe, à la fois attachant et cruel et tyrannique, qui ne tient pas en place, et ne peut pardonner à Beckett le fait que lui-même ne puisse s’empêcher de continuer à aimer son ancien ami devenu rival politique. Cet Henri II donne l’impression d’être un roi resté enfant ; mais qui voudrait être sous le pouvoir d’un enfant tout puissant, attaché à son seul plaisir ? Or la conversion de Beckett, l’ancien organisateur de ses plaisirs, en fait un roi sans divertissement, et donc malheureux. « Je dois apprendre à vivre seul », dit-il à un moment. Cette performance sauve à elle seule un film autrement sans surprise.

Ascyltus
7
Écrit par

Créée

le 25 avr. 2024

Critique lue 5 fois

Ascyltus

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Becket

Becket
blig
5

In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Chiancti... Amène ton oreiller.

Avant d'être la biographie romancée par Hollyxood de Thomas Becket, archevêque de Canterbury de 1162 à 1170 et opposant au fervent laïque qu'était le roi d'Angleterre Henri II quant à la question des...

Par

le 18 oct. 2014

6 j'aime

6

Becket
CrashDavis1988
10

Richard Burton canonisé en "Becket".

Thomas Becket, compagnon de farces minables du roi Henri II, est un Saxon qui a pactisé avec l'occupant Normand qui n'espère qu'être un allié fidèle de bons conseils au Roi dans sa lutte continuelle...

le 8 juil. 2019

2 j'aime

2

Becket
YgorParizel
8

Critique de Becket par Ygor Parizel

Becket n'est pas un film biographique à proprement parlé de Saint Thomas Becket, bras droit du Roi d'Angleterre Henry II. Le film est une adaptation d'une pièce de Jean Anouihl, qui sur le "matériel"...

le 23 août 2022

2 j'aime

Du même critique

Mémoires de deux jeunes mariées
Ascyltus
9

Critique de Mémoires de deux jeunes mariées par Ascyltus

Balzac est un des écrivains les plus inégaux qui soient. Ainsi, dans ces Mémoires, il peut écrire des choses tout à fait ridicules, comme : « L'Abencérage n'a pas sourcillé, la coloration de son sang...

le 3 nov. 2022

5 j'aime

Simone - Le voyage du siècle
Ascyltus
7

Veil que Veil

Près de trois heures après la fin de ce film, il continue à me plonger dans la mélancolie ; je me disais au moment où commençait le générique, que j’aurais besoin d’une distraction légère ce soir,...

le 31 oct. 2022

5 j'aime

1