Ce n'était que son deuxième film, mais nul doute que « Beetlejuice » ouvrait chez Tim Burton une période particulièrement créative et personnelle, infiniment plus séduisante que ses productions formatés qui caractérisent trop souvent son cinéma aujourd'hui. Pourtant, ce n'est pas mon préféré. Le scénario reste trop léger, presque pas assez ambitieux, tournant un peu en dérision ce qui aurait pu être vraiment réjouissant. Cela va parfois un peu trop vite et le personnage de Beetlejuice n'est pas toujours exploité à bon escient,
sa mise hors d'état de nuire finale étant légèrement expédiée.
Maintenant, il est peu dire que l'imagination et l'inventivité sont ici au pouvoir, et de ce point de vue, c'est un régal. Volontiers bricolo, ces décors ont un charme fou, comme les différents visuels et les nombreuses idées traversant l'œuvre du début à la fin : que ce soit les réjouissantes apparitions de Sylvia Sidney, ces créatures délirantes ou ces références du plus bel effet (notamment au « Cabine du Docteur Caligari »), il y a vraiment à boire et à manger, d'autant que niveau protagonistes, nous ne sommes pas en reste : entre l'adorable couple Alec Baldwin - Geena Davis (aka la femme de ma vie), l'inénarrable Catherine O'Hara ou l'irrésistible Winona Ryder (aka l'autre femme de ma vie, du moins dans ma jeunesse), il y a de quoi se réjouir, sans oublier, évidemment, l'hallucinant Michael Keaton, dont chaque apparition délirante électrise le film avec brio.
Pas mal de scènes mémorables, mais s'il fallait n'en citer qu'une, je dirais évidemment
la « transe » sur la « Banana Boat Song » d'Harry Belafonte (celle finale avec la jolie Winona n'est pas mal non plus, je lui préfère même la chanson, l'excellente « Jump In The Line »).
Imparfait, sans doute. Mais à l'heure du bilan, boosté par une bande-originale cultissime, le positif l'emporte aisément sur les quelques réserves émises précédemment : du Burton pur jus, le début d'une période dorée que l'on a toujours autant de plaisir à redécouvrir aujourd'hui. N'hésitez pas à prononcer son nom.