Quitte à être lapidaire, Tim Burton n'a jamais fait mieux depuis, et surtout (de moins en) moins bien depuis.

Si on n'est pas devant une comédie absolument géniale et hilarante, c'est que c'est plutôt un foutage de gueule assez décontracté qui n'appelle pas le fou-rire. On est dans une créativité loufoque, grotesque et foisonnante que servent des trucages outranciers parfaitement dans le ton, et qui ne peuvent vieillir, puisqu'ils sont à eux seuls un parti pris assumé de bout en bout. On va rigoler à essayer des tas de trucs, d'astuces et de délires visuels, en bricolant des effets physiques réels pleins de textures agréables, rugueuses. C'est presque un acte de résistance (oui, je surinterprète, sinon j'ai pas d'argument en fait) avant le raz-de-marée du tout numérique qui, malgré ses qualités et son usage parfois très pertinent et esthétiquement réussi, ne pourra jamais avoir la générosité et volupté d'un bon vieux truc qui a l'air sacrément réel, qui occupe un volume dans la réalité, qui capte la lumière et contraint les regards et les déplacements des acteurs en direct, et qui n'est pas non plus une vaste industrie qui ressemble parfois à la course aux armements.

C'est ce que j'aimerai toujours dans Beetlejuice, cette absence de prétention, et ce naturel des effets, nombreux, variés et fort créatifs.

Il a trois autres grands avantages:

Un film un peu plus cradingue que Edward aux mains d'argent, par exemple, qui quoique très beau sent quand même fort la pâquerette, et ça on le doit à Beetlejuice, le personnage. Mais un film qui reste en même temps tout frais et toujours gentil, tu sais. Faut parfois oublier d'être cet horrible cynique désabusé qu'on vend comme le top du personnage féru de culture de pop des années 2010 et s'oublier, et prendre du plaisir à s'attacher à des personnages gentils, charmants et sans prétention.

Un film avec une musique de Dany Elfman en très grande forme, espiègle et pertinent. Comme jamais (plus).

Et surtout, surtout, un film avec une gestion des lumières d'une beauté discrète mais sidérante. Geena Davies sur fond de papier peint blanc cassé aux motifs discrets, cadrée en portrait à hauteur d'épaules dans une robe champêtre, sa moue dubitative face à son échec fantômatique, chevelure et yeux noirs tranchant sur l'ensemble baigné d'une lumière d'une lumière très douce... mazette, j'avais jamais fait attention à ce plan, mais il est d'une simplicité et d'une beauté! Et tout le film est comme ça.

Comme quoi un film que tu apprécies, et que tu as beaucoup vu y'a longtemps, mais pas revu depuis tout aussi longtemps, ça coûte rien d'y remettre un œil avec plus de bouteille et un regard plus aguerri, ou, du moins, différent. Pour confirmer l'essai... (ou l'erreur...).
dadujones
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le 8 juin 2023

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dadujones

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