Dans les films que j'attendais le plus pour cette fin d'année, "Belle" de Mamoru Hosoda me laisse un sentiment étrange : à la fois une joie immense d'avoir découvert un univers riche et complexe, extrêmement réfléchi et en phase avec son propos. De l'autre, un certain classicisme qui se ressent par instant, sans jamais entièrement me déranger pour autant.

En terme visuel, Hosoda repousse toutes les limites de son cinéma et offre son œuvre la plus généreuse. Dès la présentation du "U"verse, tout est solide, cohérent, et parfaitement structuré pour que l'histoire se déroule, servie par une 3D remarquable. De l'autre côté, on retrouve une animation 2D dans le monde réel également de toute beauté, captant les détails les plus subtils de la simplicité du monde réel.

L'arc du monde réel et ses petites scènes sont maîtrisés, et ne nous donnent pas envie de retourner dans "U" dès qu'elles interviennent. Le lien entre réel et virtuel se fait de lui-même, et délivre des scènes fortes à différents degrés : si "U" offre des scènes d'actions et d'émotions remarquables avec une caméra libre de ses mouvements, le monde réel joue sur une certaine immobilité du cadre qui offre un ressenti du quotidien universaliste. Ce quotidien apportera une scène d'humour en plan fixe qui me restera en tête pour très longtemps, ainsi que des scènes d'émotions à la sincérité forte.

Mon bémol, finalement, viendra de l'emploi de l'œuvre "La Belle et la Bête" au sein de l'histoire. Bien que cette proposition d'inclure une œuvre plus que centenaire au sein d'une réflexion sur l'évolution technologique que nous vivons actuellement passe crème, le parallèle avec le roman n'apporte pas tant que ça au film, si ce n'est de sublimer son message qui fonctionnait cependant déjà très bien sans. Il reste néanmoins la vision de Hosoda sur une œuvre mythique qui est plus qu'appréciable.

Se classant très haut dans la filmographie de son réalisateur à mes yeux, "Belle" restera une de mes plus belles expériences de l'année. Une déconstruction réfléchie de notre avenir sauce Metaverse, accompagné d'une histoire d'amitié, de compassion et qui sublime notre lien empathique envers nos prochains que nous avons trop tendance à oublier.

Kiberen
8
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le 30 déc. 2021

Critique lue 58 fois

Kiberen

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